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    The Strangers, Jong-goo Unchained !

    The Strangers

    de Na Hong-jin

    Thriller, Policier, Drame, Epouvante-horreur

    Avec Kwak Do-Won, Hwang Jeong-min, Chun Woo-hee

    Depuis le haletant thriller « The Chaser », le public attend toujours avec impatience les nouvelles créations du sud-coréen Na Hong-Jin. Il fallut cette fois six ans au réalisateur pour nous livrer son troisième long-métrage. L’arrivée de « Goksung » (traduit chez nous par The Strangers) était donc de nature à apaiser les cinéphiles du monde entier. Et le moins que l’on puisse dire, c’est que l’attente en valait la peine !

    The Strangers suit l’histoire de Jong-goo (Kwak Do-won), modeste policier dans le petit village de Gok-seong où plusieurs meurtres macabres se produisent tour à tour. Les meurtriers sont des citoyens vraisemblablement ordinaires qui, soudainement pris de démence, se mettent à massacrer leurs proches. Au cours de son enquête, Jong-goo en viendra à suspecter un Japonais habitant seul dans la forêt (Jun Kunimura), qu’il soupçonnera d’être un mauvais esprit venu semer la désolation dans la région. Les choses prendront une autre ampleur lorsque la fille de Jong-goo commencera à adopter un comportement étrange, et le policier sollicitera alors l’aide du chaman Il-gwang (Hwang Jeong-min) pour venir à bout de son enquête. En parallèle, désireux de sauver son enfant, il persécutera son suspect japonais, persuadé de pouvoir ainsi mettre fin aux évènements ravageant Gok-seong.

    Comme à son habitude, Na Hong-Jin installe d’entrée de jeu une atmosphère anxiogène excessivement efficace. Les lieux des crimes sont recouverts de sang, témoignant d’une violence inouïe instaurant un climat de terreur au sein du film. Climat rapidement renforcé par les rêves récurrents que fera le héros, voyant son suspect nu dans la forêt, les yeux rouges, dévorant des animaux sauvages. Ces différents éléments participent à dérouter le spectateur en écrasant petit à petit ses repères. Croyant d’abord à la présence en ville d’un tueur en série, celui-ci sera rapidement amené à envisager la présence d’une épidémie rendant les gens fous, avant de considérer l’éventualité d’un phénomène surnaturel.

    C’est justement l’un des points intéressants de The Strangers : le spectateur suit le cheminement du héros, étant lui-même dérouté d’un point à l’autre de l’intrigue. Plusieurs suspects sembleront faire leur apparition, disposants chacun d’une part d’ombre les rendant menaçants, comme une sorte d’Assassin habite au 21 du paranormal. Le suspect japonais passe donc du statut d’innocent persécuté au monstre machiavélique et manipulateur, sans qu’il soit possible de déterminer la vérité jusqu’à la toute fin du film. Ce questionnement sera magnifié par la présence d’autres personnages mystérieux, comme une femme habillée en blanc apparaissant aléatoirement devant Jong-goo au cours de son enquête. Ce procédé participera à tenir le spectateur en haleine tout au long du film.

    L’ambiguïté des personnages sera également renforcée par leurs déclarations : Jong-goo sera par exemple confronté à un interlocuteur l’enjoignant de courir chez lui sauver sa famille, tandis qu’un autre lui dira que celle-ci mourra s’il franchit le seuil de sa porte. Le spectateur sera ainsi intégré à ce phénomène, ne sachant plus quoi penser et qui croire ; intégration facilitée par le jeu des acteurs qui sont tous particulièrement convaincants.

    The Strangers est un film captivant, ne connaissant pas la moindre perte de rythme tout au long de ses deux heures et demi. Les protagonistes possèdent de réelles motivations et une magnifique complexité. Plus encore, le film a la particularité d’osciller constamment entre plusieurs styles, sans que sa lisibilité s’en trouve perturbée. D’un film policier, Goksung va donc doucement évoluer vers le paranormal, avant de s’approcher du film de zombies. Le tout recourant par moments à des codes inhérents au film d’horreur comme par exemple le jump-scare. Cependant, Na Hong-Jin parvient tout au long à maintenir le cap et à livrer une œuvre parfaitement homogène, confirmant sa capacité à produire un cinéma intelligent et efficace.

    Assurément un film à ranger parmi les chefs d’œuvres du cinéma sud-coréen aux côtés de l’excellent « The Chaser » qui le précédait, voire du culte « Old-Boy » de Park Chan-wook (2003), du classique « Hanyo » de Kim Ki-young (1960) ou du récent « Dernier train pour Busan » (Sang Ho-yeon, 2016).

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