Il y a plus de sept siècles, la Principauté de Liège donnait naissance à l’un des pères du portrait occidental : Jan van Eyck. Sa volonté de réalisme et son style si particulier lui ont permis de traverser les âges et les époques sans que ses sujets ne prennent une ride. De l’importance de son oeuvre, l’artiste Rá en a gardé l’essence même – le portrait -, tout en éludant son aspect mystique. Mais pour ce jeune trentenaire, nulle envie de portraitiser un seigneur d’antan, mais bien de mettre en peinture les célébrités contemporaines. De Drake à Booba, en passant par Frank Ribery ou José Manuel Barroso, rencontre avec un artiste à la fois passionnant et intrigant.
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Quelle a été votre formation ?
J’ai commencé à l’école Saint-Luc en troisième secondaire dans la section Arts Plastiques. J’y ai beaucoup appris – notamment sur les visages et les portraits – pour ensuite me diriger vers une formation de cinq ans en Communication Visuelle et Graphique à La Cambre.
Pourquoi avoir choisi de peindre quasi-exclusivement des stars ?
J’ai toujours eu la crainte et l’appréhension de me lancer. Mais ce projet, je le trouvais juste. Quand on voit l’impact des stars sur la société, que ce soit sur les réseaux sociaux ou dans les médias, on voit aussi toute la fascination qu’elles exercent. Ce sont des gens qui jouent avec leur manière d’être et leur façon de s’habiller, ce qui les rend artistiquement intéressants.
Vous avez d’ailleurs la chance de les rencontrer par la suite. Mais comment s’est déroulée la toute première rencontre ?
Il y a trois ans de cela, j’avais peint un tableau pour Wiz Khalifa. Et il se trouve qu’il faisait à cette époque une apparition en Belgique. Mes anciens collaborateurs – maintenant je travaille avec Xavier Gieskes – ont alors eu l’idée d’envoyer des photos du portrait à ses managers. Ils ont été conquis et nous ont alors proposé de venir sur scène pendant le concert de Wiz Khalifa.
Ensuite, la deuxième rencontre fût celle de Rick Ross à Paris. Là, l’impact fût énorme, car il incrusta mon tableau dans son clip en featuring avec Rihanna.
Est-ce à ce moment-là que les commandes des artistes sont arrivées ?
Non, les commandes sont arrivées un peu plus tard. En fait, c’est très difficile de vendre un tableau à une célébrité de ce standing, mais il arrive que certaines le fassent. Dernièrement, c’est un diable rouge qui nous a commandé un tableau.
Lequel ?
Marouane Fellaini. Les joueurs de foot sont très friands de ce genre d’oeuvre.
Sont-ils dès lors plus narcissiques que les autres ?
Cela dépend. Maintenant, concernant Marouane Fellaini, le portrait n’était pas de lui, mais d’une autre personne de son entourage. Je ne l’ai pas rencontré personnellement, mais après avoir eu quelques échanges nous sommes tombés d’accord sur le produit… Oui, je parle de « produit » car il s’agit bien d’une commande. Je sais que le terme fait peur dans le milieu artistique, mais je n’ai pas honte de dire qu’il s’agit d’un produit. La personne intéressée peut choisir son cadre, ses dimensions, ses couleurs, etc. Je suis juste un exécutant dans certains cas.
Vu la taille assez impressionnante des toiles exposées (au Smart House du Sablon), combien de temps mettez-vous pour finir un portrait ?
J’ai déjà fait un tableau en cinq jours… mais sans dormir (rires). Sinon, de manière plus générale, cela me prend deux semaines à un mois. Surtout qu’actuellement, j’ai davantage l’envie de peindre des « stories » ou des carrières, ce qui prend plus de temps.
Au regard du nombre d’artistes issus d’Outre-Atlantique, avez-vous l’ambition d’exposer aux Etats-Unis prochainement ?
Oui, c’est logique. La prochaine étape est une présentation à Miami, pour être très précis.