Arrête ou je continue
de Sophie Fillières
Comédie dramatique
Avec Emmanuelle Devos, Mathieu Amalric, Joséphine de la Baume
Critique :
Pomme et Pierre sont ensemble depuis longtemps. La lassitude et les scènes répétitives de la vie quotidienne ont pris le pas sur la passion amoureuse. Doivent-ils rester ensemble ? S’aiment-ils encore ? Qui a tort, qui a raison ? Ils ne le savent pas vraiment. Mais une chose est certaine, rien ne va plus.
Avec Arrête ou je continue, Sophie Fillières signe un film singulier, marginal et déluré. Traitant du sujet universel de l’ennui au sein du couple, ce film est néanmoins construit autour d’un carcan audacieux présentant une série de scènes à la fois décalées, silencieuses et métaphoriques. Une complexité qui donne au cinéma d’auteur ses lettres de noblesse.
Pourtant, avec Arrête ou je continue, le cinéphile – car il faut l’être pour suivre cette histoire – est perdu entre deux sentiments distincts : la jouissance d’un duo d’acteurs excellent et une mise en scène qui, en voulant sans cesse se dessiner dans l’insolite, est inabordable.
En visionnant cette production française, on se complait à suivre les combats verbaux des deux protagonistes incarnés par Emmanuelle Devos et Mathieu Amalric. On savoure d’autant plus les instants de solitude de Pomme ou de Pierre. On s’amuse de leur relation si « bizarre ». Mais on trouve le temps long et le récit décousu.
Ce sentiment d’égarement est énervant pour un cinéphile. L’impression désagréable de ne pas pouvoir comprendre les messages disséminés ici et là dans l’histoire par la scénariste. On comprend les frasques et les scènes théâtralisées qui s’enchainent, mais on n’arrive pas à percevoir la direction que prend l’histoire et ce, jusqu’au générique de fin. Quelle frustration !
En résumé, Mathieu Amalric et Emmanuelle Devos nous ont charmé dans ces personnages irréalistes. Un jeu parfait. Par contre, en voulant jouer la carte de la marginalité et du récit métaphorique, Sophie Fillières s’est quelque peu perdue dans une production conceptuelle.
Une réalisation narcissique qui perd le spectateur, sans repère ni explication.