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    Passengers, un spectacle époustouflant enrobé de guimauve

    Passengers

    de Morten Tyldum

    Science-Fiction

    Avec Jennifer Lawrence, Chris Pratt, Michael Sheen

    Sorti le 28 décembre 2016

    Alors que 5000 passagers endormis pour longtemps voyagent dans l’espace vers une nouvelle planète, l’un d’entre eux est accidentellement tiré de son sommeil artificiel 90 ans trop tôt. Jim (Chris Pratt) cherche par tous les moyens à retourner dans sa capsule d’hibernation, mais après avoir fait le tour de toutes les solutions possibles, il doit désormais accepter l’idée de passer le reste de son existence à bord du vaisseau spatial. Seul et à la limite du suicide, il finit par tomber amoureux d’Aurora (Jennifer Lawrence), une passagère encore endormie. Le choix de la réveiller s’avèrera un pas décisif dans leur survie d’une manière qu’il n’aurait pas imaginée. Alors qu’ils éprouvent l’un pour l’autre une indéniable attirance, ils découvrent que le vaisseau court un grave danger. La vie de milliers de passagers endormis est entre leurs mains…

    Dès le début on entre dans un univers futuriste par une présentation du vaisseau qui bluffe par la maîtrise technique des effets spéciaux. Avec un clin d’œil à Alien de Ridley Scott, on nous présente par des sous-titres le lieu, le temps et le nombre de passagers et membres d’équipage. L’univers en lui-même fait d’ailleurs référence à cette franchise : on entre dans une grande salle remplie de capsules d’hibernations et le réveil de Jim rappelle fortement celui de Ripley et de ses acolytes dans le second opus, Aliens de James Cameron.

    L’histoire est prenante, on s’identifie assez bien au personnage de Jim et l’on découvre avec lui le fonctionnement du vaisseau et les protocoles qui régissent ce voyage grâce à des hôtesses en hologramme. Mais quelque chose semble étrange, et il s’en rend compte lorsque l’hologramme parle à une assemblée et qu’il est… seul. S’ensuit alors tout le processus humain de la recherche de la vérité, les interrogations et enfin la prise de conscience. L’espace-temps, traité avec réalisme rend encore plus difficile l’acceptation de son sort. L’envoie d’un message de détresse à 6000$ dont la réponse mettra 55 ans à arriver souligne avec humour l’ironie de la situation.

    Puis vient la recherche de la solution pour s’en sortir et l’on passe par toutes les étapes d’un Robinson Crusoé moderne perdu dans un monde high-tech, où le manque de congénères se fait vite sentir. On notera d’ailleurs l’intelligente utilisation d’un robot barman (Michael Sheen) dans un décor clin d’œil à Shining de Stanley Kubrick qui permet au personnage un dialogue évitant la lourdeur d’un monologue intérieur.

    La rencontre fortuite avec Aurora déclenche cependant un piège dans lequel le film s’engouffre allègrement. On y croit encore quand ils se racontent l’histoire de leur départ. Sont abordés alors les deux thèmes favoris du cinéma hollywoodien : la recherche du bonheur dans une nouvelle contrée si chère au Western et le besoin d’exotisme d’un écrivain à la recherche de lui-même. Sorte de mise en abîme de ce qu’aurait été le film s’ils ne s’étaient pas réveillés. On se dit alors que finalement tout n’est pas perdu. Mais, non, le piège se referme tout de même et l’on passe d’un film ingénieux et haletant à une guimauve romantique dégoulinante que même d’époustouflantes scènes d’actions n’arrivent pas à atténuer. Bien sûr, la réalisation reste maitrisée et virtuose ; la scène de la piscine en apesanteur vaut à elle seule le détour. Mais l’enchaînement de clichés « gnangnans » et de Deus ex machina alambiqués, hommages aux grands films d’amour Hollywoodiens, rendent l’intrigue lente, fatigante et finalement ridicule.

    Au final, Passengers, malgré un début intéressant, aurait mérité un meilleur scénario pour sa deuxième partie, ce qui est d’autant plus dommage que l’univers et la technique de ce film sont aboutis et magnifient la mise en scène. Mais on reste tout de même sur notre faim, car l’histoire devient à la longue aussi vide qu’une romance de midinette boutonneuse, florilège de clichés dignes d’un mauvais téléfilm autrichien. Tout cela nous emmène vers une fin téléphonée et absurde qui gâche le travaille impressionnant des décors et des effets spéciaux.

    Bruno Pons
    Bruno Pons
    Journaliste du Suricate Magazine

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