auteur : Jean-Claude Jouret
édition : Weyrich
sortie : janvier 2016
genre : bande dessinée
Il existe un nombre incalculable de livres analysant l’œuvre d’ Hergé (Georges Remi de son vrai nom), et en particulier les aventures de Tintin, sous tout un tas d’angles divers et varié. Pour témoin, les nombreuses sources référencées dans cet ouvrage très documenté. Passé un début un peu trop technique, il s’adressera autant aux néophytes qu’aux passionnés, grâce à son approche thématique et son style clair, précis et adapté à tous, qui permet de rendre accessible des concepts parfois assez complexes. Car l’auteur, Jean-Claude Jouret, propose ici d’observer les aventures du célèbre reporter sous l’angle de la publicité.
Pour ce faire, il emploie plusieurs axes. Le premier s’attarde sur le travail publicitaire d’Hergé, ainsi que sur l’influence qu’il a pu avoir sur son œuvre en bande dessinée. L’avant-gardisme du dessinateur est ainsi mis en lumière, lui qui n’hésita pas à recourir à de nombreuses techniques innovantes pour promouvoir ses créations.
Que les idées proviennent de ses proches collaborateurs où de lui-même, toutes semblent avoir pour principal but de faire connaître ses héros au plus grand nombre. Et ce, quels que soient les moyens utilisés. Hergé et la publicité revient notamment sur l’un des évènements qui causera le plus de tort à Georges Remi, à savoir sa participation au journal Le soir, collaborant sous l’occupation allemande lors de la seconde guerre mondiale. La raison qu’il avance pour justifier cette alliance est pour le moins surprenante : profiter du manque total de concurrence pour asseoir définitivement sa création. Si l’on sent Jean-Claude Jouret respectueux d’Hergé, il a toutefois le mérite d’essayer d’être objectif le plus souvent possible, ce qui apporte à son étude une richesse appréciable.
Le second axe s’articule autour du rôle des marques, fictives ou réelles, au sein des aventures de Tintin, car le livre s’intéresse autant aux bandes dessinées qu’à ce qui les entoure. Ce chapitre, sans doute le plus anecdotique du lot, permet néanmoins de faire ressortir certaines techniques employées pour ancrer les héros d’Hergé dans une réalité tangible.
L’avant-dernière partie, quant à elle, s’intéresse au développement des utilisations publicitaires des personnages. Plus abstraite, mais tout autant digne d’intérêt, l’analyse se focalise notamment sur l’apport qu’ils peuvent amener à une marque. Pour ce faire, l’auteur envisage les différents protagonistes des aventures de Tintin comme autant de personnalités propres, avant de les rattacher à celle de son auteur. Surprenant, l’exercice permet également de mieux comprendre le fonctionnement actuel de certaines publicités qui se servent de célébrités comme ambassadeurs, et de saisir les enjeux d’un tel procédé.
C’est sans doute là que réside la première qualité d’Hergé et la publicité, à savoir proposer une approche ludique permettant de décrypter une partie des rouages du monde de la publicité à l’aide d’exemples marquants, y compris dans le domaine du cinéma, le dernier chapitre s’intéressant à l’adaptation des aventures de Tintin par Steven Spielberg, et au merchandising qui en découle.