Park
de Sofia Exarchou
Drame
Avec Dimitris Kitsos, Dimitra Vlagopoulou, Thomas Bo Larsen
A mi-chemin entre documentaire et fiction, Sofia Exarchou dresse le portrait du village abandonné, depuis plus de 10 ans, des Jeux Olympiques d’Athènes. Park nous plonge dans l’archéologie d’un espace estimé à plusieurs milliards d’euros, abandonné après dix-sept jours d’utilisation dans lequel de jeunes adolescents – fictifs – errent, tels les fantômes d’un passé que le présent ne regarde plus.
Le groupe de jeunes et la vie qu’ils incarnent sont totalement antagonistes au paysage qu’ils hantent. Sans cesse en mouvement, jeunes, anciens sportifs et chiens abandonnés errent dans un chaos bruyant et violent constant. Leur colère incarne celle des oubliés, avec peu de mots mais constamment dans le bruit à travers un travail du son remarquablement envahissant.
Le fils narratif est porté par le personnage de Dimitri, à qui seul revient le droit de s’extirper du site, mais sans cesse pour se confronter à l’échec, d’abord professionnel puis familial. A Anna, ancienne gymnaste, il ne reste plus que son corps et les marques que la discipline y a laissées, piégée dans les vestiges d’un rêve de grandeur. Sous le regard bienfaiteur de la caméra, nous suivons parmi les décombres, la romance naissante des deux protagonistes à travers la violence du geste. Les corps crient à la douceur mais encore trop maladroits, leur rapport ne parvient pas à s’extirper de la frontalité ; ils se heurtent, se confrontent et s’entrechoquent, sans jamais parvenir à se sentir.
Le récit se ponctue de suite de moments, dans des espaces devenus le théâtre de jeux parallèles et au travers de la relation d’Anna et Dimitri ; pour autant, la tension narrative reste faible pour une fiction, même pour une histoire sans source d’espoir. Le troisième acte s’émancipe de la contemplation, mais demeure encore dans l’épisodique, une suite de moments qui passent, comme le temps.
Avec ce temps, le site de l’OAKA s’est tragiquement magnifié et la caméra de Monika Lenczewska – dont le travail sur Park n’est pas sans rappeler celui sur Strange Heaven – l’a justement capturé. Et même si depuis 2015, le village accueille des migrants, le problème de fond abordé dans Park, le temps d’un été, reste intact.