auteur : Christobalt Mitrugno
éditions : Baci éditions
date de sortie : avril 2014
Les traditions folkloriques étudiantes belges ont été assez décriées au début d’année scolaire, comme, finalement, à chaque rentrée et début des fameux baptêmes étudiants dans les différentes hautes écoles et universités de Belgique.
Le folklore estudiantin, successions de pochades et d’autodérision, n’a longtemps été que fort oral et peu de gens se penchaient sur la valeur historique d’un folklore plus que centenaire. Depuis quelques années, les historiens de la guindaille estudiantine se révèlent, s’expriment sur internet, grâce à la facilité de toucher beaucoup de monde, par le biais de sites internet et blogs divers.
La littérature estudiantine est, pourtant, encore fort rare à ce jour, les éditeurs n’étant pas ou peu convaincu du potentiel commercial de tels bouquins. Hormis Le Syllabus de la Guindaille du Commandant Roswell (artiste touche-à-tout, qui prend comme sujet d’étude le folklore estudiantin) paru chez Jourdan-le-Clercq et disponible à l’époque un peu partout, on ne retrouve que peu de choses. Quelques incursions à gauche et à droite dans des livres sur les villes universitaires. Mais le passionné va développer une littérature estudiantine auto-produite ! Jacques Koot est un des premiers à se pencher sur la valeur historique de ce domaine en lançant, en 1983, le Io Vivat ou les étudiants de l’université ; l’Ordre Souverain de la Calotte a aussi publié un livre sur son histoire (Liber Memorialis de F. Liénart, B. Poncin et Ph. Trousson) et bien sûr, on ne doit pas oublier les divers chansonniers des fameux chants paillards qui font la fierté de ces étudiants, souvent auto-produits par les corporations ou en partenariat avec l’université. (Fleurs du Mâle, Florex, Bitu Magnifique, Bitu Ardent, Carpe Diem, etc.)
On retrouve aussi une littérature importante dans les folklores d’autres pays. En Italie, plusieurs ouvrages existent à ce sujet ; en France, il y a pas mal de bréviaires de chants de salles de garde qui sont disponibles à tous et l’Allemagne publie beaucoup sur le monde des fraternités germaniques.
Pourquoi cette introduction ? Tout simplement, car j’ai eu en ma possession un nouvel ouvrage sur le monde du folklore estudiantin, écrit par Christobalt Mitrugno, qui nous avait écrit il y a quelques années une critique sur le festival des Charlots de Trazegnies. Il a, lui, décidé d’écrire un ouvrage exhaustif sur la Calotte, le couvre-chef des étudiants issus d’établissements catholiques : In Traditio Veritas, erratum de la calotte.
Ce livre, d’une petite centaine de pages, se veut un résumé de toutes les recherches effectuées autour de ce symbole étudiant. On y retrouve de nouvelles informations, des corrections de blagues devenues des vérités (la couronne à Namur symbolisant la création de l’université par un édit royal, n’était qu’une blague d’un étudiant voulant faire comme à Louvain-La-Neuve qui symbolisait la création de l’université par le Pape), mais aussi les limites historiques d’un folklore dont les précurseurs n’ont pas vu l’avantage de garder des traces.
Bien sûr, ce livre est amené à encore évoluer, mais a l’ambition de pouvoir servir de support à toutes corporations faisant passer des calottes, afin qu’elles ne transmettent plus de contre-vérités aux nouveaux initiés. Si les 300 exemplaires déjà écoulés aux quatre coins de la Belgique permettent de déjà toucher une bonne partie de monde estudiantin, le travail n’est pas fini et beaucoup de plus jeunes n’ont pas forcément eu les moyens de l’acheter.
D’un point de vue critique, on peut remarquer une couverture assez sympathique et pertinente quant au sujet : une calotte sur fond de drapeau belge. Le contenu est très fluide et bien organisé. On trouve facilement l’information et les explications s’enchaînent de manière logique, grâce aussi à une mise en page claire et épurée.
Cet erratum est donc un ouvrage précieux pour tous les amoureux du folklore, pour les jeunes démarrant leurs vie « guindaillesque » à l’université et pour les curieux d’un monde parfois trop méconnu et considéré à tort comme juste un ramassis de pochtrons sans cervelle.
Plus d’infos sur la calotte étudiante : http://fr.wikipedia.org/wiki/Calotte_(Belgique)