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    FIFB 2016 – Ma’Rosa, unis dans la tempête

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    Ma’Rosa

    de Brillante Mendoza

    Drame

    Avec Jaclyn Jose, Julio Diaz, Felix Roco

    Trempé jusqu’à la moelle sous des torrents diluviens, Brillante Mendoza nous embarque dans un de ces drames familiaux dont il a le secret, à travers l’arrestation de Rosa et Nestor, un couple de trafiquants de drogue de Manille, laissant seuls, maison, commerce et progénitures. Pour faire sortir leurs parents de prison, trois de leurs enfants vont remuer ciel et terre. Ma’Rosa, ce n’est pas le portrait de Rosa mère de quatre enfants et dealeuse de drogue, mais de toute sa tribu, à travers les liens familiaux qui les unissent.

    Sans cesse en mouvement, les personnages de Mendoza ne réfléchissent pas, ils agissent et ils prennent des décisions. Ma’Rosa est forte, elle dirige d’une main de fer son quartier, elle négocie, se fait entendre, s’impose. Loin d’avoir volé son prix pour le meilleur rôle dans la catégorie un certain regard à Cannes, Jaclyn Jose est simplement sublime.

    Ballotté et mis à mal par la caméra à l’épaule durant tout ce drame familial, on aimerait répondre à ceux qui qualifient cet audacieux et réussi parti pris stylistique, « d’erreur de débutant », de ne pas avoir peur de s’immerger dans ces images malgré tout. Confiné entre les quatre murs du commissariat, le mouvement supprime toute distanciation protectrice possible, inconsciente ou non, du spectateur. Lorsque la jeune fille glisse sur cette flaque, ce n’est pas seulement le motif de l’eau agressive qu’il faut analyser, mais l’élan de cet enfant malgré la difficulté de ce qu’il est en train de vivre. Les personnages de Mendoza ne pensent pas, la caméra le fait pour eux.

    La violence du film est rare parce qu’elle n’est pas visuelle. Les images contiennent un peu de sang, mais rien d’alarmant face à ce que les blockbusters proposent actuellement. La violence du film se ressent, l’injustice qu’il dégage nous prend aux tripes. La haine désespérée que l’on lit sur le visage de cette jeune fille en voyant son téléphone dans les mains du policier, c’est la violence de l’injustice, celle qui nous met dos au mur, sans échappatoire possible.

    Immergé par la révolte d’un système corrompu, Ma’Rosa fait jaillir la lumière de la beauté d’une famille unie dans la tempête. Le cinéma nous a appris à aimer des personnages qui ne sont pas toujours tout blanc, tant que la morale reste juste. Par de là toutes ses imperfections, Ma’Rosa reste solide pour les siens et à demi-soulagée de l’enfer qui se termine, à demi-effrayée par la lutte qui reste encore à venir, ses larmes deviennent aussi les nôtres.

    Audrey Lenchantin
    Audrey Lenchantin
    Journaliste du Suricate Magazine

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