Alliés
de Robert Zemeckis
Guerre, Espionnage
Avec Brad Pitt, Marion Cotillard, Lizzy Caplan, August Diehl, Jared Harris
Sorti le 23 novembre 2016
Depuis qu’il en a fini avec son obsession pour la « motion capture » – trois films d’animation à l’aspect visuel douteux : Le Pôle express, Beowulf, Le Drôle de Noël de Scrooge – Robert Zemeckis est revenu à un cinéma de studios très classique (Flight en 2012 et The Walk en 2015). Avec Alliés, il réalise un film de commande, scénarisé par Steven Knight à partir d’une histoire vraie, et servant principalement de véhicule pour ses deux stars : Brad Pitt et Marion Cotillard.
Durant la Seconde Guerre mondiale, l’agent canadien Max Vatan se voit assigner une mission à haut risque en France, en compagnie de la résistante Marianne Beauséjour. Après avoir mené à bien cette mission, les deux espions tombent dans les bras l’un de l’autre. Marianne rejoint Max à Londres où ils se marient et donnent naissance à un enfant. Mais quelques mois plus tard, les services secrets britanniques informent Max qu’ils soupçonnent sa femme d’être une espionne allemande.
Le film se scinde donc en deux parties bien distinctes : la première en France, la deuxième à Londres. Et cette césure est bien plus profonde qu’uniquement scénaristique, car elle divise véritablement le film en deux, en termes d’esthétique et de qualité. La première partie prend des allures de chromo passéiste et stéréotypé sur la France sous l’occupation, sombrant à de nombreuses reprises dans le comique involontaire. Brad Pitt – dont la seule présence dans un tel contexte historique fait ressembler n’importe lequel de ses plans à un stock-shot d’Inglourious Basterds ou de Fury – essaie de passer pour un francophone, avec un accent à couper au couteau, complètement incompréhensible. L’allemand August Diehl, également déjà présent dans le film de Tarantino, parodie le rôle qu’il y tenait. Étrangement, c’est Marion Cotillard qui s’en tire encore le mieux, néanmoins maltraitée par des dialogues sirupeux et alambiqués, avec lesquels elle donne constamment l’impression de se battre.
À ce melting-pot croquignolet entre roman-photo « Harlequin » et film d’espionnage à l’ancienne, engoncé dans le classicisme et à l’image bien trop propre, succède une deuxième partie nettement plus digeste, plus soutenue et baignée d’une esthétique plus sombre, qui repose sur un suspense tirant enfin parti à la fois de la dimension de romance et de celle de récit d’espionnage du film. Si cette seconde moitié rattrape quelque peu l’effarement qu’avait suscitée la première, l’on se retrouve tout de même devant un résultat informe, sans réelle cohérence, qui témoigne de l’égarement artistique dans lequel se trouve Zemeckis depuis le début des années 2000.