Depuis le 9 novembre, le Trésor de la cathédrale de Liège propose au public une nouvelle exposition temporaire sur le thème la restauration de ses riches collections. Outre l’exposition au public, le musée a pour rôle la conservation et la préservation des œuvres conservées en son sein. La thématique de cette nouvelle exposition est ainsi parfaitement en adéquation avec les fonctions muséales.
Qu’est-ce que le Trésor de la cathédrale ?
On peut définir un Trésor d’église comme « la conscience historique et artistique d’une ville ou d’une région. Il en conserve les principaux vestiges sacrés, les reliques des saints, mais aussi une multitude d’objets des plus variés, précieuse collection à la fois spirituelle mais aussi matérielle, annonciatrice du musée » (Ph. George).
Liège possède un patrimoine religieux formidable, fort bien mis en valeur au sein du Trésor de la cathédrale. Héritage de la riche histoire de Liège, la cathédrale Saint-Paul conserve aujourd’hui de nombreuses œuvres sauvées lors de la destruction à la Révolution de l’ancienne cathédrale Saint-Lambert. Au fil du temps sont venues s’ajouter à ces collections diverses œuvres provenant d’autres collégiales (la ville en comptait sept), d’abbayes, voire d’églises paroissiales soucieuses de la mise en valeur de leur patrimoine. C’est ainsi que le Trésor de la cathédrale de Liège s’étend aujourd’hui sur trois niveaux, le long du cloître et autour de son jardin : il compte pas moins de onze salles d’exposition. L’un des plus grands trésors de Belgique !
Au sein de celui-ci sont conservées des œuvres majeures du patrimoine liégeois comme le somptueux buste-reliquaire de Saint-Lambert vers 1512 – haut d’un mètre soixante – ou le reliquaire en or massif offert par Charles le Téméraire vers 1467-1471. Et dire que le duc de Bourgogne a mis à sac la ville de Liège en 1468 ! À côté de cela, sont conservés de superbes ivoires, des pièces d’orfèvrerie, de nombreuses statues, une impressionnante collection textile et peintures du XVe au XVIIIe siècle.
Inaugurée en juin 2016, la nouvelle salle d’expositions temporaires accueille aujourd’hui déjà sa deuxième exposition.
La restauration des œuvres d’art du Trésor de Liège
Depuis de nombreuses années le Trésor travaille à la restauration de ses collections. Ainsi, l’Institut de la Cambre à Bruxelles a déjà rendu leur éclat à une série de tableaux du peintre François Francken (1607-1667) dans les années 90. Bien avant cela, l’Institut Royal du Patrimoine Artistique avait restauré les plus importantes peintures de la cathédrale. La collection textile du Trésor des soieries médiévales eut droit à un traitement similaire.
En 2001 le sauvetage du patrimoine de l’abbaye cistercienne Notre-Dame du Val-Dieu fut réalisé grâce au Fonds David Constant de la Fondation roi Baudouin. Cette collection comprenait notamment les gravures rassemblées par le moine Servais Duriau, sorte d’encyclopédie des connaissances de l’époque. Plusieurs autres gravures furent également restaurées et trouvent aujourd’hui leur place dans cette nouvelle exposition.
Mentionnons encore le traitement offert à la superbe Vierge à l’Encrier (XVe siècle) ou au Christ du Thier-à-Liège (XIVe siècle) recouvert de pas moins d’une soixantaine de couches de couleurs. Enfin, n’oublions pas les nombreuses pièces d’orfèvrerie rendues à leur éclat d’antan.
Que trouver dans cette exposition ?
En plus des pièces restaurées exposées au sein du Trésor depuis longtemps déjà comme, par exemple, la Vierge de Saint-Luc, le Triptyque de la Résurrection ou encore le célèbre Ivoire des Trois Résurrections, le visiteur pourra découvrir dans la salle d’exposition elle-même les récents travaux et ceux envisagés prochainement. Plusieurs grands peintres liégeois. On pourra ainsi admirer du XVIIIe siècle une sainte Elisabeth par Englebert Fisen, ou un saint Georges réalisé par Renier Rendeux – principalement connu comme sculpteur – présentant une finesse remarquable, notamment dans le traitement des visages. Mais surtout récemment acquis et en attente de restauration un Bertholet Flémal, chef de file de la peinture liégeoise du grand siècle et artiste au service de Louis XIV.
Des gravures, outre celles collées au XVIIIe siècle dans plusieurs tomes de la collection Duriau, dont l’un offre à voir de très rares vues du Colisée, le visiteur pourra admirer une carte de la Terre Sainte réalisée par le géographe de Louis XIV, de même qu’une immense frise en plusieurs planches assemblées de 2,70 m de long présentant un condensé de l’Histoire sainte, de l’Ancien au Nouveau Testament.
Côté orfèvrerie, des éléments sont exposés, désolidarisés les uns des autres, les uns face à ceux non encore restaurés (avant/après). Le visiteur pourra ainsi – chose rare – observer la composition complexe d’un ostensoir-soleil, cet objet liturgique bien connu qui sert à mettre en évidence l’hostie lors des processions.
L’originalité de l’exposition réside surtout dans le fait qu’elle s’étend sur l’ensemble du musée et n’est ainsi pas limitée à la seule salle d’expositions temporaires.
En somme, le Trésor de Liège donne à offrir au visiteur un parcours qui permet de découvrir toutes les phases de la restauration d’œuvres d’art. En plus de la préciosité des collections alentour, elle constitue ainsi une originalité peu commune et réellement enrichissante. Une belle plongée dans l’histoire de l’ancienne Principauté de Liège mais surtout, dans le savoir-faire remarquable des restaurateurs de notre temps.