Iris
de Jalil Lespert
Thriller
Avec Romain Duris, Charlotte Le Bon, Jalil Lespert, Camille Cottin, Adel Bencherif
Sorti le 16 novembre 2016
Quatrième long métrage du comédien-réalisateur Jalil Lespert, Iris est le remake d’un film japonais (Chaos de Hideo Nakata) et chasse sur les terres du thriller paranoïaque et du film noir, terrain que le cinéma à souvent du mal à appréhender sans verser dans la copie béate du modèle américain. Iris ne fait malheureusement pas exception à la règle, d’autant plus que Lespert – réalisateur « bon élève » et à l’univers esthétique assez limité – n’est pas du tout dans sa zone de confort, qui serait plutôt la qualité française à l’ancienne.
Le film tourne autour d’un trio trouble : Antoine Doriot, un riche banquier, sa femme Iris et Max Lopez, un garagiste endetté. Tandis qu’Iris se fait « enlever » par Max, apparemment de manière consentante, Antoine se fait aider par un duo d’enquêteurs pour la remise de la rançon demandée. Mais rien n’est vraiment tel qu’il semble l’être dans ce grand jeu de dupe, où les manipulateurs sont peut-être les manipulés.
Le principal problème du film est qu’il ne parvient jamais à capitaliser sur ses retournements de situations, étant donné que ceux-ci sont presque tous prévisibles. Comme pour masquer cette absence d’originalité et de surprises, Lespert accumule les références à des films « mètres-étalons » du genre – Sueurs froides et Body Double, pour citer les plus évidents – mais ne fait que mettre en lumière le gouffre qui sépare ces films du sien en termes d’idées de mise en scène.
Le casting et la caractérisation de certains personnages ne sont également pas pour rien dans le ratage presque total du film. Si Charlotte Le Bon parvient plus ou moins à se sauver en en faisant le moins possible, presque réduite à l’état de présence fantomatique, Romain Duris et Lespert lui-même se débattent avec des rôles qui ne leur conviennent pas, le premier surjouant la virilité comme il le faisait déjà dans Un petit boulot, le second naviguant maladroitement entre les deux facettes de son personnage, trop ambigu pour son jeu monolithique.
Mais ce sont indéniablement Adel Bencherif et Camille Cottin qui héritent des rôles les plus ingrats de ce film fourre-tout, en flics improbables dont on ne sait trop s’ils ont une fonction comique ou s’ils sont censés tenir l’aspect « enquête » du récit. Certaines répliques crues de la seconde, en mode « grande gueule décomplexée », atteignent des sommets de comique involontaire. D’ailleurs, dès qu’il tente de verser dans le sulfureux ou l’érotisme, le film sombre immanquablement dans le ridicule.