Les Têtes de l’emploi
d’Alexandre Charlot et Franck Magnier
Comédie
Avec Franck Dubosc, Elsa Zylberstein, François Xavier-Demaison, Nicolas Vaude, Elsa Lepoivre
Sorti le 16 novembre 2016
Dans une petite ville de province, Stéphane, Cathy et Thierry sont les meilleurs employés de l’Agence pour l’Emploi la plus performante de France. Comprenez, ce sont ceux qui appliquent le mieux les consignes pour que le chômage soit significativement en baisse : à savoir, recaler un maximum de demandeurs pour des raisons fallacieuses, afin qu’ils ne soient plus considérés comme travailleurs potentiels. Mais la « performance » de l’agence est telle que, en manque de demandeurs d’emploi reconnus comme tels, celle-ci se voit tout bonnement menacée de fermeture. Pour conserver leurs postes, les trois employés modèles décident alors de se lancer dans le projet fou de créer du chômage.
Responsables de deux comédies populaires à l’intérêt tout relatif (Imogène McCarthery et Boule et Bill), Alexandre Charlot et Franck Magnier se sont apparemment mis en tête de réaliser, avec Les Têtes de l’emploi, leur Full Monty, une comédie sociale qui chasse sur le terrain du modèle britannique tout en ancrant leur sujet dans un contexte on-ne-peut-plus français. Si le générique d’ouverture et les premières minutes laissent plutôt augurer du bon, dans le registre de la satire « gentille », le film ne tient malheureusement pas ses promesses ni sa ligne directrice sur la longueur, cédant assez vite aux facilités de la franchouillardise et du comique verbal à base de calembours foireux et de blagues de chansonniers.
Après un recours assez malin, quoique roublard, à des images d’archives montrant les différentes positions et promesses des présidents successifs sur la question de l’emploi, le film ne peut s’empêcher de descendre d’un cran. Ce qu’il aura réussi à prouver est qu’aucune vanne foireuse de Franck Dubosc, aucune mimique cabotine de François-Xavier Demaison, n’égalera jamais le degré de comique des sophismes débités par certains politiques. Les comédiens ont beau s’investir pleinement et sincèrement dans leurs rôles – mention spécial à l’abattage sans retenue d’Elsa Zylberstein – ils ne parviennent pas à faire oublier que le scénario et les gags ne sont pas assez corrosifs, pas assez jusqu’au-boutistes pour que le film dépasse le stade de l’anecdote. Au bout du compte, Les Têtes de l’emploi aurait gagné à être beaucoup plus méchant, au lieu d’arrondir les angles afin de ne pas trop bousculer le public cible, idéalement le plus large possible.