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    Tourcoing Jazz Festival : Quand quantité rime avec qualité

    Du 14 au 22 octobre se déroulait, chez nos voisins français, la 30ème édition du Tourcoing Jazz Festival.

    Les concerts étaient répartis essentiellement dans trois beaux endroits : Le Théâtre municipal Raymond Devos, le Magic Mirrors (chapiteau-kiosque ) et le Jazz Club.

    Nous avons fait le choix de suivre un concert en soirée le 15 et une journée complète le 20 même si toute l’affiche de la semaine était alléchante.

    Le 15 donc avait lieu le concert de Lisa Simone au théâtre.

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    La chanteuse est un phénomène. D’abord par sa voix dont elle gère tous les timbres, ensuite par sa prestance et enfin, par sa communication avec le public dont elle ira même à la rencontre hors de la scène.

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    Notons au passage qu’elle était bien entourée par de merveilleux musiciens : Reggie Washington (contrebasse, basse), Hervé Samb (guitare) et Sonny Troupé (batterie).

    Au travers de sa musique qui est avant tout  un mélange de rythm’n blues, de jazz, de soul et de rythmes africains, Lisa Simone chanta principalement des morceaux entraînants mais aussi des ballades; n’hésitant pas à effectuer des reprises de sa maman dont elle parla à plusieurs reprises. Elle sera bien évidemment fortement acclamée et offrit un joli rappel.

    Le 20 était donc une des journées entières dont le premier concert débutait à 12h30 au Magic Mirrors. Il s’agissait de celui de l’excellent et sympathique batteur Thomas Grimmonprez accompagné de Christophe Hache à la contrebasse et de Jérémie Ternoy au piano et fender Rhodes; tous les trois des figures régionales bien connues.

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    Le batteur au jeu complet, délicat ou incisif, présentait son tout nouvel album Kaléidoscope. Il en joua les 11 tableaux différents en continu en alternant thèmes calmes voire feutrés et d’autres plus intenses; le tout toujours dans le swing ou le groove.

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    Ses arrangements élaborés et ses compositions souvent mélodieuses nous faisaient entamer la journée de bien belle manière.

    On restait dans l’agréable surprise fin d’après-midi, au jazz club, avec la magnifique prestation de Hadar Noiberg en trio.

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    Cette flûtiste et compositrice israélienne présenta son dernier opus qui est un mélange de jazz, de classique ou encore de musique du monde. Il est rare d’entendre une femme jouer l’instrument de Herbie Mann à qui elle fait penser à certains moments par la fraîcheur et l’originalité de ses morceaux au travers desquels elle n’hésite pas à travailler sur d’étonnants changements de rythme. Pour ce faire, c’est assez surprenant, elle n’hésitera pas, parfois, à produire des échos en utilisant un jeu de pédales.

    La soirée, quant à elle, fut chargée et débuta par le merveilleux trio de Christian McBride dont l’entrée triomphale sur la scène du théâtre fut à la mesure de sa performance.

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    Cet extraterrestre de la contrebasse (un des meilleurs au monde) qui a joué avec tous les plus grands déclina un jazz acoustique dans la pure tradition en présentant ses compositions personnelles mais aussi quelques reprises avec des arrangements dont il a le secret. Souriant et communicatif, il ne manqua pas de présenter  d’emblée ses deux partenaires virtuoses (également) : le jeune pianiste Christian Sands et le batteur Jérôme Jennings qui a aussi joué, notamment, avec Sonny Rollins ou Wynton Marsalis; excusez du peu.

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    La richesse de ce trio, véritable équipe de choc, est de mettre chacun d’entre eux en valeur en se partageant,  sur presque tous les morceaux, les solos mais aussi en jouant en parfaite communion….du grand art.

    Cette soirée continua avec le « show » du phénomène initialement issu du gospel, Cory Henry, le nouveau génie de l’orgue Hammond. Le claviériste du groupe Snarky Puppy, entre autres, venait ici avec sa propre formation « Cory Henry & The Funk Apostles » dont le nom est vraiment évocateur.

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    Il étonna dès le premier morceau à la James Brown où il chante, il danse et mieux encore, il le fait en venant tout de suite au milieu du public  du Magic Mirrors. Le ton était donné et l’homme qui joue de l’orgue continuellement debout propose une musique sur laquelle les gens  ne peuvent que se trémousser.

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    Il partage ce bon funk et cette soul avec des solos de guitare et de basse ou en étant accompagné de deux choristes. Son groove fut apprécié par des spectateurs de différentes générations.

    Retour au théâtre pour le dernier concert de la soirée, celui de Stacey Kent. On ne présente plus cette charmante chanteuse à la jolie voix douce, délicate et toujours posée.

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    Pour ce soir, elle ne présenta pas un album précis mais proposa un mélange de chansons interprétées aussi bien en français qu’en anglais. Sa musique oscillera donc entre chanson française jazzante, jazz et bossa nova sous la houlette de son mari saxophoniste et directeur musical, Jim Tomlinson.

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    Celui-ci jouera également de la flûte et assurera exclusivement les solos alors qu’un agréable Rhodes remplace de temps en temps le piano.

    Cette prestation est propre, professionnelle mais il n’y a pas vraiment l’étincelle qui empêche de penser qu’il y a un changement de registre; le tout restant trop linéaire.

    Il n’empêche que de belles journées comme celle-ci, le festival en a proposées plusieurs et, au regard de sa très belle et abondante programmation, on peut se dire que le Tourcoing Jazz Festival fait partie des grands de l’hexagone.

    Je voudrais également souligner sa convivialité et l’accueil des responsables mais aussi des bénévoles.

    Pour visionner l’ensemble des photos de Bernard Rie, cliquez ici.

    Pierre Gérard
    Pierre Gérard
    Chroniqueur pour la partie du Suricate Magazine consacrée au Jazz

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