De La Compagnie Trou de Ver et Axel Cornil, mise en scène Valentin Demarcin, avec Guillaume Kerbusch, Marie-Charlotte Siokos et Vincent Van Laethern
Du 11 au 22 octobre à 20h30 au Varia
Jean Jean est un adolescent comme les autres, avec ses problèmes et ses questionnements existentiels, sauf qu’il ne l’entend pas de cette oreille. Pour lui, il est l’incarnation même de l’échec, de l’ennui, du mec insipide que personne ne remarque. C’est bien simple, il n’a pas vraiment d’ami puisque ses deux seuls camarades de discussions sont Claire, une jeune fille nerveuse et révoltée, et Arthur, un mec beau et cool que tout le monde admire. Comment faire pour sortir de l’indifférence ?
La jeune compagnie hennuyère Trou de ver propose, avec Jean Jean ou on a pas tous la chance d’être cool, de travailler le thème de l’adolescence et plus particulièrement de la place du jeune individu au sein de ses pairs. Une thématique maintes et maintes fois abordée dans le monde théâtral, qu’il soit amateur ou professionnel. Mais là où le jeune auteur et metteur en scène Axel Cornil se démarque, c’est dans sa vision de l’introspection adolescente. De fait, dans cette pièce d’une heure, la narration tente, tant que faire se peut, d’éluder les intervenants extérieurs pour ne s’axer que sur un trio de personnages caricaturaux et travailler leur psychologie de manière approfondie. Ce choix narratif est très intéressant, mais peut s’avérer casse-gueule à plus d’un titre, l’écueil étant la décontextualisation des sujets.
Heureusement, la pièce évite de s’approcher des accores de l’écueil et est une réussite dans son ensemble. En alternant les scènes dramatiques et drolatiques, en accentuant constamment le trait et en suscitant l’interrogation, Jean Jean ou on a pas tous la chance d’être cool arrive à capter l’assistance de bien belle manière. Les prestations conjuguées des trois acteurs que sont Valentin Demarcin, Marie-Charlotte Siokos et Vincent Van Laethem n’y sont pas étrangères. Et pour cause, ces derniers arrivent à donner de l’espace et de l’amplitude à un décor désuet fait d’ossatures métalliques, de tabourets et d’accoutrements carnavalesques. Une prouesse scénique assez admirable, du moins tout autant que la facilité avec laquelle ils arrivent à alterner les personnages secondaires et à se relayer à la sono, qui au passage est une plus-value incontestable du spectacle.
Passé cela, il faudra néanmoins aux plus pointilleux des amateurs de théâtre une sacrée dose de second degré, tant l’aspect extrêmement kitsch de celui-ci lui fait perdre de sa puissance pédagogique. Le spectateur lambda, trop occupé à se gausser des frasques de notre cher Jean Jean, oublie ainsi le but ultime de cette création : faire comprendre que la solitude de l’adolescent est avant tout celle de l’autre.
En résumé, Jean Jean ou on a pas tous la chance d’être cool explore admirablement les déboires psychologiques de l’adolescence et le poids de l’indifférence. Certes, certains dialogues sont trop lapidaires, certains cabotinent légèrement, mais le tout demeure intelligent et intelligible, ce qui devrait plaire à un public scolaire, réelle cible de ce texte.