Peter et Elliott le dragon
de David Lowery
Aventure, Fantastique
Avec Bryce Dallas Howard, Robert Redford, Oakes Fegley, Oona Laurence, Wes Bentley
Sorti le 5 octobre 2016
Disney continue sa grande entreprise de remise au goût du jour de ses classiques. Si la démarche peut souvent apparaître comme superflue, voire platement commerciale – le Cendrillon de Kenneth Brannagh ou le récent Livre de la jungle – elle peut parfois produire de bonnes surprises – le Alice de Tim Burton ou même Maléfique. Dans le cas présent, il faut bien dire que Peter et Elliott le dragon méritait bel et bien un petit dépoussiérage. Le film de 1977 est en effet une comédie musicale poussive, probablement déjà ringarde à sa sortie, et qui a très mal vieilli.
De la trame originale, il ne reste pas grand-chose, si ce n’est un jeune orphelin du nom de Peter et son étrange ami, un dragon vert qu’il a lui-même prénommé Elliott. Dans cette nouvelle version, Peter est le seul rescapé d’un accident de la route dans lequel ses parents sont décédés. Errant seul dans les bois environnants, il est sauvé de l’emprise des loups par un énorme dragon qui va le prendre sous son aile. Quelques années plus tard, alors qu’il vit toujours dans les bois comme un enfant sauvage, Peter est trouvé et recueilli par une famille d’une petite ville environnante. Alors qu’Elliott le dragon tente de retrouver Peter, il voit son existence révélée aux autochtones, lesquels se lancent à sa poursuite.
La principale surprise du film est de retrouver à sa réalisation David Lowery, auteur en 2013 d’un film (Ain’t Them Bodies Saints, avec Casey Affleck et Rooney Mara) qui lorgnait beaucoup sur La Ballade sauvage de Terrence Malick et sur toute l’esthétique « malickienne » en général. Les premières scènes de Peter et Elliott le dragon, présentant la vie dans une petite ville de l’Amérique profonde, vont d’ailleurs dans le sens de cette esthétique et de la représentation presque mythique d’une certaine idée de l’Americana. La mise en scène et en images de Lowery est certes très inattendue dans un film familial labellisé Disney.
On se prend donc à rêver d’un film familial un peu plus adulte, d’un détournement des codes du genre. Mais le film finit malheureusement par retomber dans les travers qu’il semblait vouloir éviter – le chantage à l’émotion, le sentimentalisme « gnangnan » à base d’enfants très « mignons » et d’anthropomorphisme éhonté du dragon – et vire à la bluette édifiante dans une dernière partie assez catastrophique. Voir des gros plans au ralenti sur des visages émerveillés, tandis que sont restaurées les bonnes vieilles valeurs familiales de l’American Way of Life, est un calvaire que l’on pensait ne plus devoir endurer en 2016. Mais les vieilles habitudes ont apparemment la vie dure.