Genius
de Michael Grandage
Biopic, Drame
Avec Colin Firth, Jude Law, Laura Linney, Nicole Kidman
Sorti le 28 septembre 2016
Pour son premier long métrage, Michael Grandage porte son dévolu sur l’histoire d’amitié qui unit Maxwell Perkins, éditeur renommé et dénicheur de talents tels que F. Scott Fitzgerald et Ernest Hemingway, et Thomas Wolfe, écrivain talentueux mais dont la fougue littéraire demande à être canalisée. Dans le rôle de l’éditeur placide et avisé, Colin Firth est plus que crédible et incarne avec brio ce personnage qui lui semble taillé sur mesure. Face à lui, Jude Law se glisse avec talent dans la peau de l’écrivain passionné et totalement habité par sa prose, qu’il déverse infatigablement dans un savoureux accent du sud des États-Unis.
Malgré une première partie captivante, traitant des relations d’amitié qui s’établissent entre deux individus aux caractères totalement opposés et mettant en lumière l’importance cruciale d’un personnage pourtant destiné à rester dans l’ombre, le film a tendance à s’essouffler pour ne devenir qu’un biopic traditionnel sans plus d’intérêt que l’élargissement de sa culture générale. Les tirades grandiloquentes de Wolfe alourdissent et théâtralisent un peu trop le récit, qui perd son rythme et peine à garder le spectateur en haleine. La dynamique qui s’était instaurée entre ces deux protagonistes et qui transparaissait dans le scénario se voit progressivement affaiblie, à l’image de leurs liens amicaux qui se détériorent suite au comportement de plus en plus paranoïaque de l’écrivain.
Bien que l’intérêt principal du film réside dans les relations entre l’éditeur et l’écrivain de génie, les personnages secondaires sont tout aussi intéressants et auraient mérité davantage d’apparitions à l’écran. Nicole Kidman et Laura Linney incarnent respectivement Aline Bernstein, l’amante de Thomas Wolfe, et Louis Perkins, la femme de Maxwell Perkins. Semblant chacune faire écho à la personnalité de son compagnon, elles n’en sont cependant pas que de pâles copies et le développement de leurs rôles aurait certainement apporté une dimension non négligeable au film, d’autant plus que les deux actrices nous livrent des prestations poignantes. L’affaiblissement de l’histoire se voit quelque peu atténué par l’apparition de Dominic West en Ernest Hemingway et de Guy Pearce en F. Scott Fitzgerald, pimentant par leur simple présence cette seconde partie trop convenue.
Genius est, comme tout biopic qui se respecte, intéressant d’un point de vue historique, mais on regrette que l’originalité du sujet se perde dans les méandres d’une mise en scène et d’un scénario trop classiques.