De Denis Diderot, mise en scène de Jean Lambert, avec Jean-Pierre Baudson et Patrick Donnay
Du 6 septembre au 29 octobre 2016 à 20h30 au Théâtre Le Public
Parmi les pièces qui inaugurent la saison théâtrale 2016-2017, on trouve à l’affiche du Public l’un des grands classiques de la littérature française : Jacques le Fataliste, du philosophe français Denis Diderot.
Ce n’est pas la première fois qu’un metteur en scène s’attaque à ce monument de la littérature pour le porter sur les planches. Ici, jean Lambert a opté pour une interprétation à deux voix : celle de Jacques le Fataliste, magnifiquement interprété par Jean-Pierre Baudson, et celle de son maître, Patrick Donnay. Deux protagonistes, deux acteurs. Comme pour ne conserver que la colonne vertébrale du texte de Diderot, conçu telle une longue conversation pleine de digressions et de digressions entre les deux hommes au cours de leur périple.
Apparemment expert dans l’art du minimum syndical, Jean Lambert, l’adaptateur, a placé ses deux acteurs dans un décor remarquable par sa sobriété : seules quelques malles en osier jonchent la scène de la salle des voûtes. À cela ajoutons des costumes d’époque, un habile jeu de lumières, quelques effets sonores et le tour est joué !
La question principale qui se pose lorsque l’on a affaire à une adaptation de ce type est double : d’une part, la pièce rend-elle justice au texte d’origine, et d’autre part : passe-t-on un agréable moment, tout simplement.
Jean Lambert a manifestement mis l’accent sur sa volonté d’actualiser l’œuvre de Diderot, de la rendre abordable pour un public élargi, guère habitué à la langue des Lumières (qui, soit dit en passant, est fichtrement bien maîtrisée par les deux comédiens ! Or l’actualisation, dans sa volonté de toucher un public moins averti, est évidemment une arme à double tranchant. En effet, d’aucuns pourront regretter à juste titre que la pièce se concentre autant sur les passages les plus caustiques et les plus grivois de l’œuvre, peut-être au détriment de sa pensée philosophique.
Toujours dans cette optique de modernisation de l’œuvre, un vaste travail scénique a été élaboré dans le but avoué de briser la monotonie de la conversation entre les deux compères. Tous les moyens semblent bons pour y parvenir, même l’ajout d’une scène de bataille épique totalement absente de l’œuvre d’origine ! Et ceci sans parler de la contribution du public. On ne peut même plus dire que le quatrième mur a été franchi : il a volé en éclats.
Alors certes, toutes ces libertés contribueront sans doute à agacer les puristes, mais peut-être permettront-elles aux nombreux lycéens, que leurs profs traîneront de force au théâtre, de passer un agréable moment.