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    War Dogs, la guerre est un business

    war dogs poster

    War Dogs

    de Todd Phillips

    Comédie dramatique

    Avec Jonah Hill, Miles Teller, Ana de Armas, Bradley Cooper, Kevin Pollack

    Sorti le 24 août 2016

    Durant la guerre d’Irak, Efraim Diveroli et David Packouz, deux amis d’enfance vivant à Miami Beach, ont monté un business improvisé de trafic d’armes à grande échelle, profitant d’une faille dans le système gouvernemental permettant aux petites entreprises de fournir l’armée américaine. De combine en combine, les deux hommes se sont enrichis durant plusieurs années, avant que leur existence et diverses fraudes ne soient révélées en 2011.

    Todd Phillips, réalisateur entre autres de la trilogie Very Bad Trip, de Date limite ou encore de Old School, s’est donc intéressé à ce fait divers – relaté par le journaliste Guy Lawson dans un article paru dans le magazine Rolling Stone – pour en tirer une comédie noire, à la fois « buddy movie » mélancolique et critique des profiteurs du système, façon Le Loup de Wall Street ou The Big Short.

    Cette difficulté qu’éprouve le film à choisir un ton, un angle d’attaque pour parler d’un tel thème, est son gros point faible. Il semble indéniable que Phillips se sert de ce matériau de base pour aborder son éternel obsession : l’amitié virile confrontée à la réalité du monde adulte. Mais il se heurte ici à une contrainte qu’il n’avait pas jusqu’alors : une responsabilité éthique vis-à-vis d’un sujet qui charrie des problématiques complexes.

    Le film semble ne jamais se rendre compte de ce dont il parle, restant toujours fixé sur une relation ambigüe entre deux jeunes hommes dont l’un semble avoir l’ascendant sur l’autre en termes de charisme et d’ambition, mais ne mettant jamais en perspective leurs actes et leurs conséquences. Par exemple, lorsque Efraim et David (Jonah Hill et Miles Teller) doivent eux-mêmes acheminer en Irak une cargaison d’armes bloquée en Jordanie, la guerre n’est montrée que par le biais de la menace d’un groupe de combattants iraquiens leur tirant dessus, ou d’une division de l’armée américaine bien installée dans son camp. De même, la passion d’Efraim pour Scarface et sa manière d’imiter Pacino lorsqu’il a une arme entre les mains n’est jamais questionnée, ne serait-ce que de manière ironique.

    Pire, lorsque l’un des deux amis opérera un revirement et voudra s’éloigner des affaires, ce ne sera pas pour des raisons morales, mais uniquement car sa sécurité sera menacée. Mais le film le présentera tout de même comme étant le « good guy », en opposition à son camarade de jeu. Au bout du compte, War Dogs ne parvient pas à prendre la distance nécessaire avec ses personnages, de par son ambition de « film de potes », laquelle se marie mal avec la dimension critique qu’il ne fait qu’effleurer. Phillips est beaucoup trop proche de ses personnages et les rend bien trop sympathiques, ce qui rend son film complaisant avec cette culture du profit à tout prix qu’il semblait d’abord vouloir dénoncer.

    © 2016 WARNER BROS. ENTERTAINMENT INC.

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