Le soleil était une fois de plus au rendez-vous pour illuminer une affiche haute en couleurs.
Le ton est donné dès la première soirée du mercredi.
Eric Séva 4tet nous présente son Nomade sonore, un voyage musical teinté de musique du monde. Nous avons droit à un véritable échange permanent entre le sax baryton de Eric Séva et le trombone de Daniel Zimmermann.
Vient ensuite une véritable légende : John McLaughlin.
Déjà présent dans le projet de Miles Davis dans les années 70, il parcourt les décennies sans prendre la moindre ride musicale. Son jazz rock fusion vitaminé met tout simplement le feu à la salle du Parc.
McLaughlin a toujours cette aisance et ce côté aérien dans son jeu de guitare. Il est accompagné de Etienne Mbappe, le bassiste ganté au groove infernal, Gary Husband le claviériste percussionniste et Ranjit Barot à la frappe lourde et puissante, à la batterie.
La soirée du jeudi est placée sous le signe d’un jazz plus classique.
Hugh Coltman nous présente Shadows : Song of Nat King Cole.
C’est récemment que le dandy british bluesman est venu au jazz : une révélation pour lui et pour notre plus grand bonheur à tous. Sa voix chaude, puissante, teintée de blues, nous permet de redécouvrir les standards de Nat King Cole. J’ai particulièrement apprécié les superbes arrangements de ce répertoire (en collaboration avec le pianiste belge Eric Légnini).
Un moment magique sur la scène, la sucrerie dont on se délecte avec gourmandise !
Place ensuite à la grande Dame du jazz Dee Dee Bridgewater !!
Exceptionnellement pour ce concert, elle s’entoure de grosses pointures made in France (André Ceccarelli, Lionel Belmondo, Nicolas Folmer, Thomas Bramerie et Thierry Eliez).
Dee Dee nous présente Love and peace a Tribute to Horace Silver, prestation à son image : survoltée et dynamique.
Sa voix toujours aussi prenante nous comble. La complicité avec ses musiciens d’un soir est hors norme, les échanges sans concession. Elle dialogue sans cesse avec son public.
Une prestation à la hauteur de son immense talent, merci Madame !
La soirée du vendredi prend la couleur des tropiques, des épices entre la Réunion, Cuba et le Cameroun.
En 1ère partie, Meddy Gerville (Ile de la Réunion) nous offre un mélange subtile entre musiques traditionnelles réunionnaises et le jazz.
A noter la présence dans le band du guitariste Nguyen Lë, au toucher de cordes toujours aussi flamboyant.
Richard Bona vient ensuite nous présenter son projet cubain (Mandekan Cubano).
Dès le 1er morceau, l’alternance de rythmes endiablés et de balades met une partie des spectateurs en transe. La voix de Richard se marie à merveille avec la musique cubaine. Son aisance tant dans les aigus que dans les graves nous donne une autre lecture de cette musique festive.
Sa gentillesse, son sourire et son dialogue permanent avec le public font de cette soirée une belle réussite.
Samedi, dernière soirée de la scène du Parc.
Laurent Coulondre vient de recevoir le prix de la révélation aux victoires de la musique jazz. Félicitations à lui !
Il nous offre un set percutant et explosif tout en rythme : cette impression de nous avoir livré l’entrée le plat et le dessert au cours du même service. L’énergie qu’il dégage au clavier est incroyable, il me fait penser à Benny Green.
La soirée se termine avec Avishay Cohen trio, un concert très attendu suite à son passage triomphal il y a deux ans. Le trio nous distille une prestation cinq étoiles tout en finesse et retenue : des mélodies enivrantes qui reviennent sans cesse et nous emportent dans des rêves orientaux.
Avishay Cohen, c’est aussi un incroyable jeu de scène. Il fait littéralement corps avec sa contrebasse qu’il caresse dans les moments fragiles ; il se contorsionne avec elle dans des envolées lyriques.
Il nous gratifie de deux rappels chantés dont une reprise de Nat King Cole.
Il termine en transe avec un solo de percu sur son chevalet ! Un grand moment !
Impossible bien sûr de passer en revue tous les concerts des cinq jours de festival.
Je ferai néanmoins mention d’un gros coup de cœur pour un tout jeune groupe de la région de Marseille Window, quatuor talentueux passé la prestigieuse école de musique de Salon de Provence.
Avec des compos personnelles rafraîchissantes et aérées, il m’a véritablement séduit. La très belle voix tout en maîtrise de la chanteuse Alice Martinez est un plus. Son charisme évident et sa une gestuelle me font penser à Mélanie De Biasio.
Nous attendons avec impatience la sortie du premier album mais retenez déjà ce nom.
Une 7ème édition dans la continuité des précédentes : qualité et convivialité font des Saveurs Jazz une date incontournable dans les festivals de jazz.
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