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    BRFF 2016 : Sauvages de Tom Geens

    sauvages tom green

    Sauvages

    De Tom Geens

    Drame, Thriller

    Avec Paul Higgins, Kate Mickie, Jérôme Kircher, Corrine Masiero

    Au 26ème Festival du Film Britannique de Dinard, Sauvages a fait sensation en remportant les trois prix principaux prix de la compétition (Hitchcock d’Or, Hitchcock du Meilleur Scénario, Hitchcock du public).

    Au titre évocateur, Sauvages met en scène un couple d’anglais vivant en autarcie dans les bas-fonds de la forêt pyrénéenne, installé, là, sous le tronc d’un arbre abattu. Sales, misérables, nos Adam et Eve des temps modernes font face à des circonstances extrêmes qui rythment leur survie.

    Tandis que Karen (Kate Dickie), recluse dans l’obscurité, reste enfermée dans cet habitat sommaire mais ordonné, John (Paul Higgins) sort quotidiennement pour effectuer ses tâches de survie — ramener à boire et à manger. Jusqu’à ce qu’un événement force John à descendre au village et provoque la rencontre avec un agriculteur des alentours.

    C’est dans une certaine forme de réalisme ­— sauvage, cru, frontal — que s’ouvre le film, où l’espèce humaine et animale cohabitent, l’une avec l’autre, l’une contre l’autre. Après une longue contemplation de la nature, belle, magistrale, gargantuesque, qui fait revenir les hommes à un état primitif, Tom Geens prend le temps de dérouler le fil du scénario et nous livre les clés de l’intrigue, petit à petit.

    Pourquoi John et Karen vivent-ils ainsi ? Est-ce un choix, une obligation ? Quels sont les traumatismes qui forcent Karen, au visage blafard, à rester dans l’obscurité, son corps fragile et replié sur lui-même, seule sa main s’activant à coudre un patchwork de peaux de bêtes ?

    Son retour à l’animalité côtoie dans une sorte de rivalité — lutte intime et personnelle, le désir de son mari vers un retour à la civilisation. L’immersion dans la ville et la rencontre avec André (Jérôme Kircher), un agriculteur du village, sera le déclic qui marquera un renouveau dans la relation que John et Karen entretiennent avec l’ « extérieur » —comment panser les porosités entre nature et civilisation ?

    Face à la performance physique des acteurs, on alterne entre la subjugation, l’étonnement, le mal-être parfois, mais on en ressort avec une foule de questionnements sur notre condition d’êtres humains.

     

     

    Paul Muller
    Paul Muller
    Journaliste du Suricate Magazine

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