Alice, de l’autre côté du miroir
de James Bobin
Fantastique, Comédie
Avec Mia Wasikowska , Johnny Depp, Helena Bonham Carter
Sorti le 25 mai 2016
Le film raconte l’histoire d’Alice, devenue femme et capitaine du navire de son père, de retour de Chine. Une fois à terre, elle se rend à une réception mondaine où elle apprend qu’elle risque de perdre son bateau et son poste de capitaine. Après s’être isolée quelques instants, elle rencontre Absolem, chenille devenue un magnifique papillon bleu (incarné par feu Alan Rickman). Celui-ci lui apprend que le Chapelier est en grand danger et qu’il a absolument besoin d’elle. Il convainc Alice de retourner dans l’autre monde en traversant le miroir de la pièce dans laquelle ils se trouvent. Alice s’exécute et revient donc dans ce monde mystérieux. Elle se rend à la maison du Chapelier et le trouve agonisant. Ses amis du monde merveilleux lui disent alors que la seule façon de guérir le Chapelier est de retrouver les membres de sa famille. Le souci, c’est que tous ont été brûlés vifs par le Jabberwocky. Alice va dès lors devoir voyager dans le temps pour sauver la famille du Chapelier et lui permettre d’échapper à son sort funeste.
Si vous avez lu les deux tomes des Aventures d’Alice, vous comprendrez tout de suite que l’histoire de ce film est très éloignée du contenu original de l’œuvre de Lewis Carroll. Certes, l’univers y très bien dépeint, on retrouve des personnages familiers, une ambiance un peu bizarre, mais il faut reconnaître que tout le surréalisme que Carroll avait élaboré dans son œuvre a disparu au profit, encore une fois, d’un peu trop de sérieux. Ainsi, les scénaristes ayant mélangé l’histoire des deux tomes dans le premier film sorti en 2010, ils durent tout simplement inventer une suite qui tienne la route. Et ce qui devait ressembler à un film reprenant un classique de la littérature, s’est muté en un film fantastique dans le style de Retour Vers Le Futur avec quelques éléments émanant de l’œuvre littéraire.
C’est un défaut qui est un peu propre aux deux films, c’est pourquoi nous n’allons pas jeter la pierre sur ce second volet. Sans doute que Tim Burton s’est dit qu’en mélangeant certaines parties des deux ouvrages, cela permettrait de raconter quelque chose de plus original et inattendu. Notons que cette fois, Burton a laissé James Bobin se charger de la réalisation. Et le résultat est finalement plus que satisfaisant. Car, il faut le reconnaître, au-delà de ce détail de narration qui concerne plus les puristes que le grand public, le film est très réussi.
On éprouve tout d’abord un vrai plaisir lorsque l’on retrouve les superbes personnages qui peuplent le Pays des Merveilles. Ensuite, les scénaristes se sont visiblement retrouvés devant un défi de taille : l’âge de l’actrice Mia Wasikowska qui, avec ses 26 ans, ne peut plus incarner l’adolescente que décrit Lewis Carroll. Mais cette complication s’est en fait avérée être un outil très avantageux pour plonger Alice dans le monde adulte. On retrouve ici une femme indépendante, devenue capitaine du navire de son défunt père, qui se battra bec et ongles pour défendre sa condition.
La photo et les costumes sont superbes et les effets visuels sont très bien réalisés. Il est évident que, bien que l’on ait pas lésiné sur les moyens (les Studio Disney sont bien sûr de la partie), le film n’est pas pour autant un énième blockbuster bourré d’effets pour camoufler une histoire bancale.
Ce nouveau volet d’Alice est bien mieux rythmé que le premier et on ne s’ennuie jamais. Alors que le premier prenait des airs de Seigneur des Anneaux avec ce fichu jour Frabieux qu’on ne voyait pas arriver, cette suite semble bien mieux construite et la réalisation n’a pas hésité à utiliser quelques tours de passe-passe pour faire avancer l’histoire à pas de géants. Ainsi, à chaque fois qu’Alice est confrontée à un obstacle qui semble insurmontable, on change de scène pour mieux dynamiser l’épopée.
Autre chose très appréciable dans cette version : les personnages (notamment la Reine Rouge) sont moins manichéens et montrent un visage plus humain. Il y a également ce personnage très ambigu du Temps (magistralement interprété par Sacha Baron Cohen). Un personnage très curieux qui ne semble ni l’ami ni l’ennemi de personne. En outre, on en apprend davantage sur certains protagonistes comme le Chapelier par exemple. Cela permet de donner de la profondeur à l’histoire et de mieux cerner les desseins de ce personnage excentrique.
En conclusion, De l’autre côté du miroir est un film très réussi. Certes, il ne s’agit pas d’une adaptation fidèle du roman, mais le résultat est pour le moins surprenant et nous fait passer un très bon moment.
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