Depuis 1994, Le Kunstenfestivaldesarts consacre sa programmation à la création contemporaine : théâtre, danse, performance, cinéma, et arts plastiques. Thierry de Mey, compositeur et figure majeure de l’essor artistique des années 80 en Belgique, revient cette année sur le devant de la scène avec une nouvelle création très attendue. Ses œuvres musicales, créées en étroite collaboration avec de grands noms de la danse contemporaine (Wim Vandekeybus, Anne Teresa de Keersmaeker, …) ont donné naissance à bon nombre d’œuvres, entrées aujourd’hui au panthéon de la création chorégraphique. Il signe pour la première fois une pièce à la fois chorégraphique et musicale, en collaboration avec l’ensemble contemporain et l’ IRCAM.
Simplexity, la beauté du geste, est un spectacle qui opère une fusion très réussie de différentes pratiques artistiques, mettant en scène cinq musiciens jouant en live et cinq danseurs. La multiplicité des expertises sollicitées sur ce spectacle comportait en soi des risques. Pourtant, les différentes linéatures de la trame s’agencent avec cohérence et aplomb. Dès le début du spectacle, la génération interdépendante du son, du geste, de la lumière, les va-et-vient des corps dans l’espace créent une sorte d’organisme d’un genre nouveau.
Les dix performers, musiciens et danseurs, deviennent les machinistes élégants d’une composition visuelle et sonore, qui nous interpelle d’abord pour la sophistication de sa composition. Les parties dansées, créées en collaboration avec Zsuzanna Rozsavolgyi sont de toute beauté, et brillent ici pour leur richesse structurelle et la composition spatiale. Il est difficile de discerner s’il s’agit de composition spontanée ou de chorégraphie écrite, tant le tout semble être la perpétuelle éclosion d’une architecture complexe et luxuriante.
C’est ici que le spectacle nous interpelle le plus. La démarche, ouvertement structurelle, sous-entend l’idée de préméditation. Pourtant, l’expérience que nous en avons est d’un autre ordre. Le spectacle ramène sans cesse le spectateur dans le vif du présent, et nous happe dans un maelström encore et toujours en train d’advenir. C’est cette fascinante rencontre du structurel et de l’inopiné qui séduit et fascine.
Le premier solo dansé par Ildiko Toth, explicite brillamment le point névralgique de la proposition chorégraphique, et d’une certaine façon, « précise » le titre : la beauté du geste est ici fascination pour une architecture vivante, complexe, inattendue, et toujours organique.
Thierry de Mey insuffle ce qu’il faut de vie dans le structurel pour en faire une expérience accessible, intimement vécue. Simplexity est une oeuvre ambitieuse, élégante et lumineuse.
Plus d’informations sur http://www.kfda.be/fr/programme/simplexity-2