Café Society
de Woody Allen
Comédie dramatique
Avec Jesse Eisenberg, Kristen Stewart, Steve Carell
Sorti le 25 mai 2016
Présenté en ouverture du Festival de Cannes, Café Society suscitait la curiosité des cinéphiles afin de savoir, à l’instar des grands crus viticoles, si le Woody Allen 2016 était une bonne cuvée. Après une heure et demi de dégustation, un léger enivrement s’est fait ressentir face à une réalisation loin d’être saoulante, entre merveilleuses robes et brillance visuelle.
Dans les années 30, Bobby est un jeune homme un peu à l’étroit dans sa famille et dans son quartier new-yorkais. Afin de quitter la monotonie de son existence, il décide de s’aventurer à Los Angeles où le septième art vit son âge d’or. Grâce à son oncle, riche agent de stars, il compte avoir le pied à l’étrier pour chevaucher droit vers les collines d’Hollywood. Mais son amour pour la secrétaire de ce dernier, une certaine Vonnie, va mettre ses plans en péril, d’autant que son oncle est lui aussi tombé sous le charme de la belle.
Woody Allen n’est plus à définir. Comme un diamant déjà poli, il n’y a plus qu’à l’admirer, le regarder évoluer et apprécier ses films sous l’angle qui nous sied le plus. Café Society ne fait pas exception à la règle. Teinté d’humour, d’auto-dérision, de questionnements psychologiques et de mystères féminins, le nouveau film du cinéaste possède tous les ingrédients qui ont fait de sa filmographie une réussite globale. Malgré cela, la singularité de Café Society se crée dans la contextualisation de son trio sentimental, plus décomplexé que celui de Vicky Cristina Barcelona mais moins tordu que les relations en cascade de Vous allez rencontrer un bel et sombre inconnu.
Vous l’aurez compris, Woody Allen démontre encore une fois tout son talent de portraitiste. Sur des tons jazzy entrecoupés ci et là par les explications extradiégétiques du réalisateur, Café Society nous narre des tranches de vie qui s’entraident, s’entrecroisent, s’entrelacent et s’entrechoquent aux rythmes des désirs et des espoirs de chacun de ses protagonistes. Un patchwork de la vie dans les années 30, dont le décor californien tout en couleurs contraste avec la noirceur des rues de New York. Mais comme à l’accoutumée chez Woody Allen, point de perdant ou de vainqueur, juste des caricatures de personnages ayant tous leur misère intérieure, mais reliés par l’amour et l’humour.
En résumé, Café Society réussit la passe de trois en arrivant à conjuguer qualité scénaristique, qualité visuelle et qualité narrative. Une ode à la vie et à la bonne humeur qui ravira certainement les fans du cinéaste mais aussi les autres. Seule Kristen Stewart semble en peine à donner de la profondeur à son personnage, l’actrice ne parvenant pas – quand l’histoire en sent le besoin – à sortir de cet air spleenétique qui colle à son visage.