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    Rencontre avec les R’tardataires

    Rencontre avec Ced et Max, les deux MC’s des R’tardataires, groupe hip hop liégeois également composé de quatre musiciens, à l’occasion de la sortie de Rien ne sert de courir, leur second album.

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    rien en sert de courir

    La méthode R’tardataires

    Vous mélangez plusieurs styles musicaux, avec notamment quelques passages rappés, d’autres chantés. Comment effectuez-vous le dosage ?

    Max : Généralement, le style musical est choisi d’avance. Je démarre une prod avec des samples déjà typés, comme des samples latinos, pour définir un style, puis les musiciens jouent par-dessus, et on développe le morceau. Si on fait une instrumentale funky, on va partir dans un délire équivalent. Le dosage se fait naturellement, en fonction de ce que l’on a envie d’entendre.

    Ced : Max et moi sommes plus rap/reggae à la base, et les musiciens ont tous leur style. Donc quand on leur dit qu’on aimerait partir dans de la country ou de la soul, on en trouvera bien un pour être à fond dedans. C’est de l’alchimie entre nous tous que naît le résultat qu’on retrouve sur disque. Une fois la base prédéfinie, on n’a plus qu’à broder autour. Le style choisi et le thème qui sera approfondi sont souvent liés.

    Max : Pour exemple, on a fait un morceau qui parle d’alcool, sur un thème country, qui s’appelle Bienvenue au saloon. Tout se rejoint dès le départ.

    « J’écoute votre musique alors que je n’aime pas le rap. » est la phrase qui revient le plus quand on parle de R’tardataires. Vous n’en avez pas assez que des gens tentent de vous dissocier d’un mouvement auquel vous ne cessez de clamer votre appartenance ?

    Max : On le prend plutôt bien. On adore le hip hop, et on le défend, mais pas forcément dans notre musique. On se rend bien compte qu’on est pas dans un délire street. D’où notre invention du terme « chanson hip-hop », qui marque la jonction entre la chanson française et le rap, soit quelque chose de plus musical. Sans pour autant dire que le rap ne l’est pas. On est un peu alternatifs, comme d’autres groupes qui nous ont inspirés. Je pense au Saïan supa crew, à Hocus Pocus, à Féfé…

    Vos clips sont souvent scénarisés. Comment les concevez-vous ?

    Max : On les réalise nous-mêmes. C’est nous qu’on a les idées, t’as vu ? (rires) Plus sérieusement, j’ai un peu étudié le cinéma, Ced a un peu étudié la communication, et on se rend bien compte que la vidéo est très importante pour faire exister un groupe. On fait le scénario et le découpage des clips, puis on demande à des potes de s’occuper du côté technique.

    Ced : On y pense presque dès l’écriture. On a deux clips moins « produits », dans le sens où on a juste une go pro, Choppons-les, notre première vidéo, dans laquelle on caricature deux flics à la poursuite des petits fumeurs de shit, et La forêt enchantée, dernièrement. C’est là qu’on s’éclate le plus, et je pense que ça se ressent.

    Le nouvel album

    Comment avez-vous envisagé votre nouvel album, par rapport au précédent ?

    Max : Au tout début du groupe, nous avons commencé avec des lives, desquels provenaient les trois quarts des morceaux du premier CD. Pour Rien ne sert de courir, les constructions ne sont plus les mêmes. On a fait une pause des concerts, pour avoir un côté plus posé, plus produit. Si je peux me permettre, je trouve que le premier album est très bien, mais le deuxième est beaucoup mieux.

    Vous avez totalement mis la scène de côté au cours de la production ?

    Max : Y’a rien à faire, on est un groupe live, avec des musiciens, donc on a toujours la scène dans un coin de notre tête. On va voir ce que les concerts vont donner, mais j’ai l’impression que c’est plus intéressant de procéder de cette manière. On pourra redévelopper les morceaux du CD sur scène, les enrichir, et aller plus loin que si on s’était contenté de faire l’inverse.

    Si on saute l’introduction de l’album et qu’on s’attarde sur les deux premiers morceaux, on se dit que la morale pourrait être « bouger, à son propre rythme, mais bouger quand même ».

    Max : Tu as tout compris. Si tout le monde fait pareil, on est bien. C’est vraiment le délire des R’tardataires. On n’est pas dans la course pour avoir du matériel ou de belles montres, ce qui au final ne sert pas à grand-chose. Au contraire, il faut se poser pour profiter de la vie, tout en en faisant quelque chose, mais de manière alternative.

    Ced : Le premier album s’appelle Mieux vaut tard que jamais, le deuxième Rien ne sert de courir. Je pense que le concept est compréhensible. (rires)

    On retrouve également certains thèmes classiques (l’argent, les États-Unis, la drogue), mais toujours avec un ton décalé,  de l’humour dans les titres. Est-ce important pour vous ?

    Max : Pour le coup, le deuxième album a un petit côté hip hop en plus, mais à notre sauce. La vie est déjà assez pénible en elle-même, pas besoin de se prendre la tête dans des chansons pour en rajouter. On n’a pas grandi entouré de piscines et de terrains de tennis, mais on n’a pas non plus grandi dans une cité. Il faut aborder les sujets graves, mais le faire tout le temps risque serait ennuyeux pour tout le monde.

    Ced : On aime bien l’autodérision. Tous les thèmes abordés le sont avec second degré. Ça permet  de faire rire les gens, mais aussi d’ouvrir les esprits.

    Max : Tout passe mieux avec une petite vanne. Si tu dis à quelqu’un qu’il est moche, il le prendra mieux si tu le fais avec une petite blague. Bon, il le prendra quand même mal, mais mieux. (rires)

    De la découle une envie d’être positifs ?

    Ced : Ça reste tout de même assez cynique. On rigole, mais derrière, il y a des petits pics. On met l’humour et l’énergie en avant, particulièrement en live, mais parfois on trouve des éléments tristes ou dérangeants dans le fond des sujets.

    Comment est né le titre La forêt enchantée ?

    Ced : C’est un peu une analyse de la société, via les Walt Disney vieillis.

    Max : Vu qu’on a pris de l’âge et qu’on voit les têtes des gens autour de nous, notamment ceux qui s’enfoncent dans leur connerie, on s’est demandé ce que ça donnerait si les personnages de Walt Disney, devenus stars, étaient observés vingt ans après. On ne s’est pas drogués, je te jure ! (rires)

    Vous allez défendre le disque sur scène ?

    Ced : On a une petite vingtaine de dates qui vont tomber, d’ici jusqu’à fin septembre.

    Max : On fait de la rétention d’information en attendant la sortie du disque, mais dimanche, tout sera mis en ligne sur notre site (www.lesrtardataires.be) et notre page Facebook. Mais le plus important, c’est l’évènement de ce samedi. On fête la sortie de l’album au Reflektor de Liège, avec Ya-Ourt en première partie. Ce sera un gros concert, avec de la vidéo, des cuivres, des invités spéciaux, des t-shirts, des Cds, des briquets, des femmes à poil.

    Ced : Ce sera Noël, quoi !

    Les R’tardataires seront le 21 mai au Reflektor de Liège, le 9 juillet aux Ardentes de Liège et le 16 juillet au festival de Dour.

     

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