Rétrospective / Exposition / Performance Apichatpong Weerasethakul
Du 12 avril au 29 mai 2016
Kunstenfestivalarts et Cinéma Galeries, Galerie de la Reine 26 – 1000 Bruxelles
La deuxième séance consacrée aux courts métrages d’Apichatpong Weerasethakul avait lieu ce mercredi, dans la rétrospective complète de ses films au cinéma Galeries. Plusieurs des six courts présentés proposaient des expérimentations formelles, notamment sur le temps et sur la lumière. Attardons-nous sur trois d’entre eux.
Windows (1999)
La vision de Windows est une expérience assez éprouvante, bien qu’elle ne prenne que douze minutes. Weerasethakul décrit le film comme étant « une improvisation utilisant un petit mouvement physique pour enregistrer un phénomène naturel par le mécanisme de l’œil de la caméra ». La caméra enregistre donc le passage d’un rai de lumière à travers une fenêtre, mais la captation transforme ce passage en un véritable spectacle visuel. Une lumière bleue aveuglante envahit l’espace et fluctue de manière répétitive, recréant un effet stroboscopique. Le but est ici clairement d’expérimenter sur la prise de vue et les sources de lumière.
Cactus River (2012)
Comme il étire le temps dans Windows, Weerasethakul joue avec celui-ci dans ce court de dix minutes consacré à son actrice fétiche, Jenjira Pongpas-Widner. Le temps est d’ailleurs autant le sujet du film que celle-ci et est constitutif à la fois du fond et de la forme. Filmant en noir et banc le quotidien de Jenjira et de son mari dans leur maison le long du fleuve Mekong, le vidéaste établit une balance dans la durée, séparant le film en deux sans que l’on s’en aperçoive. D’abord en accéléré, le film passe au ralenti à mi-parcours, mais ce passage se fait sans heurts, dans la continuité de ce quotidien qui coule comme le fleuve qui le berce. À travers l’expérimentation, c’est un ressenti personnel qu’Apichatpong Weerasethakul tend à partager.
Cactus River est disponible sur YouTube, à ce lien : https://www.youtube.com/watch?v=H5vT0T_ionU&feature=player_embedded
Worldly Desires (2005)
Ce moyen métrage alterne la captation documentaire d’un tournage dans la jungle, des séquences fictionnelles mettant en scène un couple à la recherche d’un arbre sacré, et une séquence chantée et dansée, répétée à plusieurs reprises. Comme souvent chez Apichatpong Weerasethakul, les légendes ancestrales y côtoient donc la réalité contemporaine la plus pragmatique, y compris celle d’un air de pop thaïlandaise resservie jusqu’à l’écœurement. Autre motif récurrent de son cinéma : la brume soufflant dans la jungle, ici démystifiée par la monstration de son origine, à savoir un camion diffusant une épaisse fumée dont on ne sait trop si elle est toxique ou synthétique.
(À l’occasion de la prochaine projection de courts métrages – le 18 mai –, la séance sera suivie d’une masterclass donnée par Apichatpong Weerasethakul)