Je me tue à le dire
de Xavier Seron
Comédie dramatique
Avec Jean-Jacques Rausin, Myriam Boyer, Serge Riaboukine
Sorti le 4 mai 2016
Michel Peneud a décidé d’arrêter de fumer. Pourtant, ça ne l’empêchera pas de mourir. Il le sait, c’est inéluctable. Depuis qu’il a décidé de mettre en vente la maison familiale et de placer sa mère en maison de convalescence, Michel commence à perdre des plaques de cheveux alors qu’une grosseur inquiétante est apparue sur sa poitrine. Des symptômes qui ne sont pas sans rappeler le cancer du sein de sa mère. Désormais, Michel en est certain. Il est foutu… Et c’est précisément le moment qu’Aurélie, sa petite amie, choisit pour le quitter pour un jeune médecin. Aurélie ne le supporte plus. À vrai dire, elle en était presque venue à souhaiter sa mort.
A la lecture d’un tel synopsis, on devrait s’attendre à un film sombre, triste, lourd. Pourtant, c’est presque tout l’inverse que nous propose le très loufoque Xavier Seron avec ce premier long métrage. Si les sujets abordés semblent délicats sur papier, le réalisateur décide de les traiter avec humour. Un humour décalé, noir et grinçant auquel il est particulièrement difficile d’échapper. Les rires sont ainsi souvent déclenchés par des scènes empruntent d’un profond malaise, toutes plus absurdes les unes que les autres.
Si l’écriture de Xavier Seron y est pour beaucoup dans l’efficacité du film, il est clair que celui-ci doit aussi énormément à son excellent casting emmené par un duo juste et touchant interprété par Jean-Jacques Rausin et Myriam Boyer. Ces derniers campent des personnages simples en apparence, mais infiniment complexes dans le fond, qui n’espèrent plus rien de la vie et qui attendent ensemble que la mort vienne frapper à leur porte. Rausin, pour son premier grand rôle au cinéma, joue à merveille les hypocondriaques maladroits. Vendeur dans un magasin d’électroménager, ce jeune trentenaire aux allures d’homme des cavernes dévoue la quasi-totalité de son temps libre à sa mère malade, elle qui fait passer le temps en buvant des bouteilles de mousseux bon marché.
Le tout est filmé en noir et blanc. Un choix tout à fait justifié qui donne une allure morbide assumée au film. Définitivement en-dehors de tout ce qui a déjà pu être fait dans le domaine, Je me tue à te le dire est un véritable OVNI cinématographique qui mérite qu’on s’y attarde. Sans aucun doute, on entendra vite reparler de Xavier Seron.