En cette soirée du dimanche 17 Avril 2016, l’AB Club — la petite scène au cadre intimiste de l’Ancienne Belgique — accueillait Loyle Carner, une toute jeune pointure du hip-hop anglais. La vingtaine à peine, Loyle Carner apparaît sur la scène hip-hop à l’automne 2014, après la sortie de son premier EP A little late. Remarqué par le magazine musical américain lanceur de tendance The Fader, il est élu en 2016 par la prestigieuse BBC Music Sound comme un artiste hip-hop à suivre.
Le Dé de son côté, jeune rappeur liégeois, assurait la première partie du show. Alternant introductions en anglais et paroles en français, le rappeur «100% liègeois depuis la garderie» manie les punchlines détonantes tout en mélangeant des sonorités jazz et électro.
La casquette vissée sur la tête, Le Dé réussit à merveille à ambiancer un public qui, devenant de plus en plus dense, semble être impatient et nerveux à l’idée de retrouver Loyle Carner sur scène.
Son dernier album Delta.Plane est en téléchargement gratuit sur le site internet la-brique.be.
Après les quelques réglages son et lumière de routine, Loyle Carner — beau garçon au t-shirt ample, un maillot de foot à l’effigie de Cantona noué sur les épaules — fait son entrée sur la scène, sautillant au rythme des beats lancés par son acolyte et ami : Rebel Kleff.
Le titre Tierney Terrace en guise d’ouverture met instantanément le feu au public, son flow hors-pair mêlé à une mélodie rythmée et entêtante soulèvent les bras des fans surexcités.
Contrairement à beaucoup d’autres rappeurs de sa génération, Loyle Carner a concocté une recette musicale savoureuse, alliant des beats jazzy et sonorités old-school à une voix grave et minimaliste. Les tons chauds et suaves de ses mélodies se marient à la perfection avec un parler à l’accent anglais rugueux et incisif.
Plus les titres s’enchaînent et plus les corps s’assouplissent dans la salle. Alternance entre des balades épurées (October, Pieces) et des tubes aux flows ultra-rythhmés (Money), que Loyle Carner introduit systématiquement en nous racontant leur contexte.
Car le récit et l’intimité d’une histoire tiennent une place primordiale dans l’écriture de Loyle Carner ; son quotidien, sa famille, son enfance sont autant de sources d’inspirations.
Le titre Cantona a d’ailleurs été écrit en l’honneur de son beau-père — père adoptif — un très bon musicien récemment décédé qui lui avait transmis l’amour de la musique. En guise d’hommage, plein de fierté, il enfile son maillot à l’effigie de Cantona et dédie à son père : «The only reason I’m here this evening/Reason I’m breathing», sa façon à lui de vivre son deuil et exhorter ses démons.
Ces histoires ne s’oublient pas, et c’est peut-être la qualité narrative et poétique de son écriture associée à des beats entêtants — ces fameux vers sonores qui s’implantent dans l’oreille — qui font de Loyle Carner un artiste hip-hop atypique et envoûtant. À suivre de très près !