Fritz Bauer, un héros allemand
de Lars Kraume
Drame historique
Avec Burghart Klaußner, Ronald Zehrfeld, Lilith Stangenberg
Sorti le 20 avril 2016
L’Allemagne actuelle tente depuis quelques années d’expliquer son histoire, ose se replonger dans un passé proche pas si glorieux. Fritz Bauer, un Héros Allemand explore deux thématiques d’après-guerre : l’oubli du nazisme et l’acceptation de l’homosexualité dans les années 50 en Allemagne de l’Ouest.
Fritz Bauer est un Allemand qui a fui son pays pour échapper à la répression des juifs et des homosexuels par les nazis. La guerre finie, il revient pour tenter de rendre sa dignité au peuple allemand et l’obliger à regarder son histoire en face. Son objectif ? Juger les anciens criminels de guerre sur le sol national. Quand il retrouve la trace d’Adolf Eichmann (responsable de la logistique des camps de concentration et d’extermination), il est obligé de demander l’aide du Mossad (services secrets israéliens) pour contrer les pressions que mettent les anciens fonctionnaires nazis – toujours en place dans les différentes administrations – sur ses associés et lui-même.
Le film est centré sur l’obstination d’un seul homme (Fritz Bauer) pour juger les crimes commis pendant la Seconde Guerre mondiale et le témoignage de la vie de ce héros ordinaire est passionnant. Fritz Bauer est interprété par un Burghart Klaußner totalement imprégné par son personnage (même si sa perruque et ses trop nombreuses mimiques n’évitent pas toujours la caricature). Cette réalisation de Lars Kraume (réalisateur pour la série Tatort, entre autres) n’hésite pas non plus à aborder d’autres sujets sensibles comme l’homosexualité (partagée par Bauer et son fidèle assistant, qui sera la cible de chantage) encore déviante et punie par la loi dans ces années-là. Et cette succession de thématiques est réussie, même si elle n’empêche pas un final un peu trop larmoyant, de type « sacrifice à l’américaine ».
En résumé, Fritz Bauer, un héros allemand est un drame historique de bonne facture sur deux thématiques intéressantes et importantes. Malgré tout, avec ce style de film, on regrette toujours des lacunes cinématographiques au profit de l’importance du sujet. L’interprétation de Burghart Klaußner, bien que prenante, n’évite pas les écueils propres à ce type de projet (à l’instar de Meryl Streep en Margaret Tatcher ou Anthony Hopkins en Alfred Hitchcock) : sur-interprétation et imitation parfois caricaturale aux postiches dérangeants (sa perruque).