On le dit souvent, et cela devient manifestement de plus en plus évident, la Belgique regorge de talents brillants qui ne demandent qu’à être vus et entendus.
C’est encore ici le cas avec le groupe Owell. Nous vous avions présenté cette formation au travers de leurs clips (voir article dans la partie Découvertes) et une interview de la chanteuse Lorenza. Voici à présent notre avis sur Chromatic, ce premier album qui vient de sortir.
Et le moins que l’on puisse dire, c’est que ce disque ne nous a pas laissé de marbre. Tout dans l’album semble avoir été pensé pour afficher d’emblée une cohérence autour de ce thème des couleurs. Tant au niveau du titre, de la pochette ainsi que des styles musicaux abordés, Owell montre ici sa grande polyvalence et cette capacité (qui n’est pas donnée à tous les groupes) de pouvoir se fondre dans une multitude d’ambiances musicales très différentes tout en gardant un fil rouge qui maintient la cohérence de ce disque.
Alors, si vous ne les connaissez pas encore, Owell est un groupe pop-rock de la région du Hainaut qui s’est formé en 2011. Côté line-up, on retrouve Lorenza Cazzato au chant, Laurent Martin à la guitare, Charlie Vanobbergen à la batterie, Laurent Renard à la basse et Thomas Dupont aux claviers.
Comme nous le disait Lorenza dans l’interview qu’elle nous avait consacré (à lire en cliquant ici), ce premier album est le fruit d’un travail de longue haleine. Pendant deux ans, ces artistes ont façonné ce disque pour donner le meilleur d’eux-mêmes et cela se ressent de suite lorsque l’on écoute le résultat.
Enregistré au studio GreenHouse à Beaumont, masterisé à Berlin au studio Calyx, ce disque a visiblement été bien travaillé au niveau de la production sans pour autant en faire des tonnes. Ca sonne propre mais la puissance est aussi au rendez-vous quand cela est nécessaire.
Tout commence calmement avec Dancing Tango, l’une des chansons dont nous avions découvert le clip précédemment. Des mélodies planantes, une rythmique bien ficelée et le travail vocal et la douceur de Lorenza qui attire de suite l’attention. Une belle introduction du groupe qui donne envie de découvrir la suite.
On passe ainsi au second titre, Make up, un morceau dans lequel il est question de cette façon qu’on certaines personnes de cacher leur vrai visage. Une thématique qui nous touche tous puisque nous connaissons tous quelqu’un dans notre entourage qui est ou a été ainsi.
Plus rock, Make up est le genre de chanson qui reste en tête et qui fonctionne à merveille en concert. A noter aussi que le jeu de guitare de Laurent Martin et cette façon d’agrémenter les riffs avec quelques solos pendant les couplets fait penser à ce que faisait Ritchie Blackmore lorsqu’il jouait dans Deep Purple à la grande époque.
Another Road, autre chanson dont nous avions parlé avec ce clip qui mettait chacun des membres en scène. Cette chanson semble musicalement plus aboutie que les autres. Il y a plus de recherche chez chacun des musiciens, plus de nuances et subtilités.
La seule chose qui manque un peu à ce morceau (et c’est quelque chose que l’on ressent aussi sur l’ensemble de l’album), c’est le manque de solo. Cela aurait permis d’aller plus loin musicalement.
Mais ne boudons pas notre plaisir. De plus, le groupe montre ici toute sa superbe en terme de sonorité. Le son de chaque instrument est minutieusement ajusté de sorte que chacun soit audible sans prendre le pas sur l’autre. Un ensemble très cohérent et assez rare de nos jours où l’on pousse souvent la guitare en avant en pensant que c’est la seule façon d’obtenir de la puissance. Preuve ici que l’on peut faire les choses autrement et le résultat est assez bluffant.
Un peu de douceur et davantage de mélodie avec Lady Bee, un slow qui débute avec une guitare acoustique mais qui met tout de même en scène l’ensemble du groupe. J’avoue que la chose qui m’a le plus surpris est cette façon qu’a la chanteuse de nous emmener dans son univers avec des mélodies très particulières. Une très belle chanson qui met encore en avant le talent musical de chacun.
Et en parlant de surprendre, Owell est aussi un groupe qui sait mettre en scène certains morceaux pour rendre leur univers davantage parlant.
Ainsi, dans la chanson The Play, on a droit à une introduction à la sonorité des années 20. Comme le disait Shakespeare : « La vie est un vaste théâtre où chacun joue son rôle et puis s’en va ». C’est ici la thématique qui est mise en avant avec brio par le groupe.
Autre titre surprenant, Angel. Tout d’abord une introduction dans la veine d’Indochine, le morceau passe ensuite à un rock plus dans l’univers de Coldplay. Il est vrai que Owell est un peu comme un caméléon sur certains morceaux et sait faire passer des ambiances très différentes dans un même morceau tout en donnant un sentiment de cohérence à l’ensemble.
Supernatural, un titre aussi bien ficelé avec cette introduction un peu flippante qui nous plonge dans cette ambiance particulière. La chanson explore également divers univers musicaux et les marie prodigieusement. La basse de Laurent Renard est ici plus mise en avant et sonne superbement.
Ensuite, Inside, un titre à couper le souffle. Plus métallique que les autres, ce morceaux sonne définitivement comme le plus puissant de l’ensemble sans tomber dans l’exagération. C’est aussi l’un des grands talents du groupe, ce savant mélange de puissance et de douceur dans les mélodies qui met chacun d’accord.
Holding Back Day est plus classic rock dans son approche. Là aussi, mélodiquement, le groupe brille de par sa sonorité et nous emporte avec lui. Un titre vraiment très réussi qui montre aussi que Owell sait aller droit au but avec beaucoup d’efficacité.
Mais Owell aime aussi dérouter et prendre le contre-pied pour montrer tout leur talent et briser les barrières musicales de sorte à sortir des classifications simplistes que l’on attribue trop souvent aux groupes à leurs débuts. Ainsi, avec About Love, les cinq comparses nous surprennent par un morceau électro.
Si j’avais tout d’abord trouvé ce titre un peu hors sujet en comparaison des précédents, je pense, après plusieurs écoutes qu’au contraire, il renforce le groupe et ouvre le champs des possibilités d’un point de vue musical. Une façon de terminer en apothéose et de prouver que Owell est un groupe aux multiples facettes et sait surprendre en proposant quelque chose d’inattendu et cependant très réussi.
Produit par Didier Samain et le regretté Pierre Pleunes qui s’est éteint quelques jours seulement avant la sortie de ce disque, Chromatic est sans nul doute un disque dont on va entendre beaucoup parler au vu de sa qualité.
En seulement dix titres, Owell démontre ici tout leur talent et je vous invite à découvrir ce disque fabuleux qui nous a conquit.