L’Avenir
de Mia Hansen-Løve
Drame
Avec Isabelle Huppert, André Marcon, Roman Kolinka, Edith Scob
Sorti le 6 avril 2016
Récompensé par l’Ours d’Argent de la meilleur réalisation lors de la dernière Berlinale, L’Avenir est le cinquième opus d’une encore jeune cinéaste (35 ans) qui n’a de cesse d’affirmer un style personnel, entre douceur feinte et justesse des sentiments, de film en film et au gré d’histoires simples qui parlent au vécu et à la sensibilité de ses spectateurs.
Le film capte un moment de la vie de Nathalie, professeur de philosophie dans un lycée, qui tend à mener de front une vie de famille captée par son mari et ses deux enfants, mais également par une mère possessive et capricieuse, et une vie intellectuelle sans cesse nourrie par l’ébullition de la pensée. Quand son mari lui annonce qu’il la quitte pour aller vivre avec une autre femme, Nathalie se retrouve assez vite sans attaches et confrontée à une nouvelle forme de liberté, inédite pour elle.
Si L’Avenir marque l’arrivée dans le cinéma de Mia Hansen-Løve d’une star – en la personne d’Isabelle Huppert –, cette nouveauté s’accompagne d’un décadrage par rapport au sujet de prédilection de ses précédents films, à savoir la jeunesse, même si l’on n’en est pas tellement éloigné dans l’esprit. L’héroïne est certes une cinquantenaire – Hansen-Løve s’est inspirée de sa mère pour écrire se personnage de prof de philo – mais elle est confrontée à une situation qui lui fait reconsidérer son mode de vie sous un autre angle et avec un souffle proche de celui de la jeunesse.
Le sujet n’est pas neuf mais ce qui l’est beaucoup plus est la manière dont le film développe ce personnage fort de femme, qui redécouvre une manière de penser sa vie par elle-même, sans influences extérieures et en accord avec ses idéaux intellectuels. Au final, le but du film sera de montrer un exemple de femme mûre qui peut s’épanouir pleinement sans l’appui ou le soutien d’un homme, qu’il soit mari ou compagnon de route. Le personnage sera au bout du compte accompli dans l’indépendance la plus totale, et cela sans qu’aucun contrepoint de désapprobation ou de jugement ne soit apporté. Le film n’existe finalement que pour l’épanouissement et l’indépendance de ce personnage.
L’idée est tellement belle que l’on en pardonnerait presque à Mia Hansen-Løve de parfois se complaire dans un élitisme bobo qui peut agacer – surtout dans la première partie du film, lors de laquelle Nathalie se montre totalement fermée à tout forme de débat avec des étudiants prônant un idéal politique qui ne la concernerait pas étant donné son train de vie aisé. Mais c’est aussi le projet du film que de prendre un personnage tel qu’il est, avec son milieu et ses failles humaines, et de le laisser vivre et penser comme bon lui semble, sans porter de regard partisan ou moralisateur.