Difficile de publier une joyeuse nouvelle dans ce raz-de-marée d’informations nauséabondes. Pourtant, on aurait tout à y gagner : le bonheur, ça se partage et c’est contagieux. Dans cette optique, je vous propose donc de poser ça là, sur le coin de la table… et puis d’attendre que ça infuse.
Ça, ça s’appelle Coma et c’est le deuxième E.P. du groupe In Lakesh, le groupe des cinq gaillards multi-instrumentalistes qui s’installent bien à l’aise depuis leur formation en 2014 sur les scènes indie-rock belges (ces mêmes scènes qui ont vu éclore et s’envoler Dan San, Malibu Stacy, My Little Cheap Dictaphone, B.R.N.S. ou encore Hooverphonic, il y a plusieurs années de cela).
Les « lakeshiens » ont opté pour un démarrage en douceur sur l’E.P. avec un morceau tout molletonné et mélodieux : Leaky Landscape in Higher Clouds. On y retrouve la voix de Fabien Noël (voix et guitare) plus affirmée qu’en live, plus calculée et dès lors plus percutante. Le morceau, délicatement accompagné par la harpe de Pia Salvia, sonne comme un éveil matinal champêtre, doux et rauque.
Le deuxième morceau µ se veut dans les mêmes tons, toujours axé sur la mélodie mais plus rythmé (par les aiguilles du coucou qui tintent « en entrée et au dessert » signifiant malgré elles, l’angoisse de la fuite d’un temps et grâce aussi, aux coups de mains d’Antoine Valvin à la batterie, et au chœur, grave et précis). On assiste ainsi à une amorce directive vers le « un chouya plus rock » et on passe une vitesse, tranquillement.
Mud and Clay surprend : il nous installe dans « une pop pétillante » durant les deux premières minutes et passe les deux suivantes à nous envelopper dans une atmosphère beaucoup plus anxiogène, sombre.
L’excellent Season of Locust reste dans les mêmes couleurs : une pop plus sombre remuée par les notes du violon de Joanne Van Bosterhaut (invité sur l’album) et le slam d’Antoine Valvin dont « la british touch » devrait être assumée pleinement pour achever le tableau.
On reste du côté obscur avec Hàkarl (où la voix et le chœur reprennent leur place centrale) avant de filer tout droit vers le soleil avec le titre phare de l’album Too Many Faces. Ce morceau résume très bien l’ensemble de la production reprise sur Coma : un savant mélange entre les voix bien plus assises et les instruments, une mélodie léchée qui évite les raccourcis et surprend toujours en cours de route, l’excellent choix du slam pour explorer d’avantage l’outil voix, une dose suffisante de rythme pour rester éveillé et assidu durant toute la durée du voyage et de merveilleuses découvertes à se passer en boucle pour ne pas oublier que le « soleil brille en été ». En effet, les deux dernières minutes de l’album sont souhaitées en français. Une occasion pour Fabien de remettre les textes au centre de la composition et de s’essayer à l’exercice certes périlleux (mais, oh combien réussi !) du chant dans la langue de Molière.
Un E.P. High Level qui annonce encore quelques belles scènes au groupe.