auteur : Sébastien Meier
édition : Zoé
sortie : février 2016
genre : polar financier
A sa sortie de prison pour violences conjugales, Paul Bréguet, ancien inspecteur de la police suisse se voit approché par un vieil homme d’affaires richissime. Ce dernier incite Paul à enquêter pour son compte afin de récupérer des documents qui lui ont été dérobés. Le vieillard craint que ces dossiers ne se retrouvent en de mauvaises mains ce qui pourrait lui être préjudiciable. Paul accepte et demande l’aide d’une ancienne amante, la procureure Emilie Rossetti. Ils découvrent ainsi les coulisses peu reluisantes du business et des banques ainsi que du blanchiment d’argent et autres magouilles en tous genres. Et là, au beau milieu de cet environnement crapuleux, un enchevêtrement de liens assez inattendus vont faire surface. Paul n’est pas au bout de ses surprises…
Amateurs de polars financiers, ce livre est pour vous! Car il est ici question de meurtres et d’argent. En somme une immersion dans une Suisse loin de l’image lisse qu’on pourrait imaginer. Comme quoi les Helvétiques peuvent aussi nous surprendre et pas uniquement grâce à leur chocolat. A la lecture de ce roman, vous serez plongés dans les rouages des grosses entreprises dont les agissements sont loin d’être toujours honnêtes et pour lesquelles l’exploitation des pays pauvres se fait sans vergogne. Et qui dit gros sous, dit sexe. La prostitution de luxe sera une autre des étapes du voyage. Sans oublier les réseaux mafieux, avec notamment une évocation brève et audacieuse de Silvio Berlusconi bien avant qu’il ne soit devenu le larbin des malades d’Alzheimer.
Le nom du père est la suite du premier polar de Sébastien Meier, Les ombres du métis, dans lequel apparaissent pour la première fois les personnages de Paul Bréguet et d’Emilie Rossetti. Il apporte sans doute quelques éclaircissements quant à la suite des aventures de l’inspecteur et de la procureure, néanmoins Le nom du père peut se lire de manière indépendante.
Mais il est vrai que ce livre est assez ardu. Une bonne concentration est nécessaire pour suivre le fil de l’intrigue car on est loin du thriller basique qui met en scène un méchant tueur de poulettes écervelées et un gentil policier sexy. Les milieux évoqués sont variés et louches et les pratiques qui y règnent peuvent être difficiles à comprendre pour les lecteurs novices en la matière. Ce roman est donc plutôt réservé aux amateurs du genre.
On soulignera toutefois la parfaite maîtrise de Sébastien Meier pour avoir rédigé une histoire aux ramifications tellement diverses et complexes. Il n’a, en outre, aucunement négligé la profondeur de ses personnages. Avec d’une part, un ex-inspecteur voulant dévoiler honorablement plusieurs vérités mais sortant de prison pour avoir tabassé sa femme tout en étant suspecté de meurtre et d’autre part, une procureure en quête de justice et cependant assoiffée de reconnaissance personnelle.
L’ambivalence les caractérise plutôt bien. La description de leur vie privée et familiale n’est pas en reste. Paul et Emilie mènent chacun une existence écorchée et solitaire alors qu’au fond, ils ne cherchent que des bras doux ou velus dans lesquels s’abandonner un peu dans ce monde qui est loin d’être rose.