Scénario : Fabien Grolleau
Dessins : Jérémie Royer
Editions : Dargaud
Sortie : 05 février 2016
Genre : roman graphique
« Pie niche haut. Oie niche bas. Ou niche le hibou ? Hibou niche ni haut, ni bas : hibou niche pas ».
La semaine passée, j’ai donné à mes élèves des exercices d’articulation. Quel rapport avec cette BD, me diras-tu, cher lecteur, d’un air de geai moqueur ? C’est que cette toute petite phrase a pris tout d’un coup, à la lecture de Sur les ailes du monde, une résonance particulière. Au milieu du tohu-bohu de toutes ces formules achoppées par les étudiants, je repensais à ces nuées d’oiseaux s’envolant, à leurs plumages colorés et chatoyants…
Il n’y en a pas tellement, des livres qui te marquent au point que même le logo de Dove, sur lequel tes yeux venaient de glisser par la force de l’habitude sans que tu ne t’en aperçoives, se mette à battre des ailes. Chaque page ici a la légèreté d’une plume; les couleurs aquarellées caressent l’œil avec la douceur du duvet ; l’histoire te transporte subtilement. Sans que tu ne t’en sois rendu compte, te voilà en 1810, face à des paysages sauvages, infinis de profondeur, vierges de toutes explorations.
Tu l’auras sans doute deviné, cette BD parle d’oiseaux. De perroquets, de moineaux et de pics verts, de rapaces et de vautours aussi, bref de toutes ces sortes de volatiles dont le célèbre ornithologue Audubon a pu faire le croquis lors de ces nombreux voyages et dont le présent ouvrage retrace le parcours.
Alors certes, la biographie d’un scientifique pourrait te paraitre à priori sérieuse, peut-être un peu ennuyeuse même, surtout lorsqu’elle est basée sur de solides recherches (ce qu’un supplément très intéressant te permet d’entrapercevoir). Mais rassure-toi, Audubon était un peu artiste et quelques libertés sont prises afin de laisser l’onirique s’immiscer à travers les mailles des rêves de ce nouvel Icare qui a voulu voler de ses propres ailes, loin de la femme qu’il aimait et de sa famille, afin d’entreprendre la tâche titanesque de peindre tous les oiseaux du Nouveau Monde, sans se soucier jamais de la chute.
J’en mettrais ma main au feu, cher lecteur, que tu les tourneras, ces ravissantes 184 pages, avec enchantement. C’est pour ça que ce petit trésor de poésie et d’intelligence, il faut que tu t’empresses, à tire d’ailes, d’aller te le procurer pour pouvoir à ton tour voyager, léger et aérien, la tête dans les nuages…