L’histoire est celle d’Ante. Il fête ses douze ans. Orphelin de sa mère, il vit avec son père, Josip. Cela fait douze ans que la maman est morte, et le papa vit une tristesse insurmontable. Ante développe une tristesse similaire. La relation fusionnelle père-fils qui en découle les empêche de se mettre en mouvement. Jela, amoureuse de Josip, Ljubica, la camarade d’école d’Ante, et la Voisine, sa grand-mère de substitution, tentent de leur faire prendre d’autres chemins relationnels.
Voilà l’état d’esprit des personnages au début de cette fête d’anniversaire. Tout se déroule bien. Les amis d’Ante sont présents, il a reçu beaucoup de cadeaux, son père discute avec Jela une jeune femme très attentionnée, et la voisine est comme toujours là pour super- viser et s’occuper des deux garçons de la maison.
Mais voilà, la tristesse qui submerge le père et le fils va à nouveau les empêcher de nouer des relations à l’extérieur de leur relation fusionnelle et parce qu’Ante ne supporte pas de voir son père parler à une autre femme.
Au-delà de cette histoire tout ce qu’il y a de plus banale, celle d’une famille tentant de se reconstruire après la mort de la mère, c’est un très beau spectacle que nous offrent Jérôme Nayer et ses comédiens. Le texte de Ivor Martinic ne s’arrête pas à l’histoire racontée, il dissèque le relationnel en rendant toujours plus floue la frontière entre les acteurs et les personnages. La grande particularité de cette écriture est qu’elle intègre les didascalies aux dialogues. Les personnages se parlent, se racontent et se mettent en scène, en décrivant leurs actions et en précisant les sentiments qui dictent leurs paroles. La scénographie est réduite à un échiquier sur le plateau, laissant au spectateur le soin de se faire ses propres images mais retranscrivant avec beaucoup de justesse les stratégies qui guident les personnages.
C’est un spectacle qui peut paraître un peu déroutant au début par le fait que narration et jeu se mélangent. Cependant, on se laisse très rapidement embarquer dans cette fête d’anniversaire que les sentiments vont venir chambouler.
« Ici s’écrit le titre de la pièce qui nous parle d’Ante » se joue du 15 et 19 octobre 2013 au Théâtre de la vie.
Et aussi le 22 octobre 2013 au centre culturel (La Louvière) ; les 24 et 25 avril 2014 au centre culturel Les Chiroux (Liège)