auteur : Bernard Shaw
édition : L’Arche
sortie : janvier 2003
genre : théâtre
Parfois l’œuvre de base se fait oublier au profit ou au détriment d’une adaptation. Il est donc bon de refaire la lumière sur l’œuvre source pour lui rendre justice. Ici l’adaptation, et non des moindres, est la comédie musicale My Fair Lady. Elle même adaptée au cinéma avec la sublime Audrey Hepburn en vedette.
Un petit rappel de l’histoire. Dans un Londres victorien, la jeune et indécrottable fleuriste Eliza Doolitle vend ses bouquets de fleurs sous les colonnes de Covent Garden et fait la rencontre malheureuse de Henry Higgins, un phonéticien réputé et prétentieux. Après quelques événements secondaires, Higgins et Pickering, un collègue, décident de faire de cette fleuriste sans saveur une duchesse exquise.
A grand renforts de cours de phonétique, de prononciation et de maintien, ils vont parvenir à métamorphoser Eliza en une Mademoiselle Doolitle tout à fait charmante et éblouissante. On ne peut passer à côté de la référence assumée à Pygmalion, ce sculpteur chypriote qui tomba amoureux fou de sa statue. Cette référence va conditionner la lecture et la sous-lecture de la pièce.
Si la comédie se veut légère, la pièce écrite l’est finalement un peu moins. Elle trouve ses ressorts comiques et son intelligence dans un cynisme prononcé ainsi que dans la présentation de personnages tout à la fois marqués, caricaturaux et subtils. La subtilité étant apportée par les didascalies et donc par le jeu des acteurs qu’on imagine aisément.
Bourgeoisie, classe moyenne et classe ouvrière se côtoient de loin, se lorgnent du coin de l’œil et se jugent à travers des discours truculents et cinglants. Personne n’est épargné, chacun est moqué. Eliza Doolitle dans sa gauche innocence fera évoluer ces trois mondes autour d’elle, s’y perdra finalement un peu mais finira par y gagner plus qu’une nouvelle garde de robe.
Pygmalion se lit avec romantisme ou cynisme mais doit se lire quoiqu’il arrive.