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    Radioscopies de Michèle Noiret

    Michèle Noiret aime « brouiller les pistes et semer le trouble » grâce à l’usage des technologies de l’image et du son, afin d’inventer des courts ou longs métrages scéniques jouant sur la confusion entre réalité et fiction, flirtant parfois avec le fantastique.

    Voilà les intentions, ambitieuses, de Michèle Noiret. S’inspirant de l’univers de l’écrivain belge Conrad Detrez, Radioscopies a toutes les apparences de la complexité et de la recherche. Dans la forme, d’abord : les extraits vidéos se mêlent aux passages dansés en direct, la caméra s’introduit derrière les rideaux sur la scène même, le caméraman filme en direct les deux danseurs, Michèle Noiret et Isael Mata. Sur scène, sur vidéos, les thèmes récurrents s’enchaînent : les portes, la couleur rouge, les frottements contre les murs, les sons stridents, les bruits de soufflerie, les chuchotements persistants. Dans le contenu, ensuite : on ne comprend à peu près aux fantasmagories de Michèle. Il y a, pêle-mêle, des robinets qui gouttent en gros plan, des escaliers où il se passe des choses bizarres, des cafards morts, des visions, des regards inquiets, des portes, du rouge, du rouge, des portes. Il y a, de toute évidence, de la tension sexuelle à son paroxysme entre Michèle et l’homme fébrile qui l’accompagne (visiblement au bord de l’explosion), des vertiges qui confinent à la folie, et des glissements très tortueux entre la vie réelle et les fantasmes. Il y a, surtout, Michèle : partout, tout le temps, sur vidéo, sur scène, debout, couchée, dans le noir, dans la lumière. Michèle en robe pailletée (rouge), Michèle et ses poses lascives, Michèle-Madonna, Michèle bossa-nova, Michèle femme mystère hitchkockenne, Michèle chancelante, Michèle désirante, Michèle migraineuse, elle, elle, elle. On ne peut le nier : elle a travaillé. De la bande-son au cadrage, du flou (artistique) des vidéos à la lumière, tout est sophistiqué, lisse et léché.

    Hélas, trois fois hélas : la mise en scène, les mouvements, les relations sont d’une froideur mécanique assez terrifiante. On a l’impression qu’au regard artistique s’est substituée la technique d’une machine désincarnée, qui aurait absorbé Wim Vandekeybus pour recracher du « contemporain » glacé, réduit à des formes sans expression, sans nécessité, sans âme ni corps. Or, tout spectacle hermétique (pour les yeux, la tête et les oreilles) n’est pas profond, vertigineux ou même intrigant : n’est pas David Lynch qui veut.

    Crédit photo : Sergine Laloux

    Emilie Garcia Guillen
    Emilie Garcia Guillen
    Journaliste du Suricate Magazine

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