scénario & dessin : Martin Veyron
éditions : Dargaud
sortie : 22 janvier 2016
genre : franco-belge
Ce qu’il faut de terre à l’homme est un conte philosophique inspiré d’une nouvelle de Tolstoï sur l’appât du gain et l’insatisfaction perpétuelle de l’homme. En traitant ces thèmes à l’époque de la Russie tsariste, le nouvel album de Martin Veyron n’a rien perdu de sa triste actualité. Bien au contraire.
L’histoire nous mène au 19ème siècle, quelque part en Sibérie. Pacôme vit avec sa femme et ses enfants sur un petit lopin de terre. Il vit modestement mais parvient à subvenir aux besoins de sa famille sans trop de problèmes. Cependant, l’appel du gain le gagne petit à petit et joue sur son moral. Se sentant de plus en plus à l’étroit chez lui, il décide de partir au pays des Bachkirs sur les conseils d’un marchand de passage. Dans cette contrée, la terre y est fertile et peu coûteuse. Mais une fois sur place, le chef d’un campement propose un étrange marché qui ne sera pas sans danger pour le petit paysan.
Le récit progresse au rythme des aspirations grandissantes de Pacôme. Malgré les nombreux avertissements de son entourage, il poursuit ses chimères et part à la conquête de nouvelles terres en friche. Touché par le syndrome de la folie des grandeurs, il jouera avec ses limites et finira par se retrouver avec la juste mesure de terre. L’histoire tourne au tragique. La morale du conte est sans appel. Toujours en prise avec la réalité, elle nous invite à reconsidérer nos priorités et nos valeurs actuelles dans un monde aux ressources de plus en plus limitées.
Dans un style classique, le dessin se cantonne au réalisme par souci de clarté et de didactisme. La transposition est relativement fidèle à l’œuvre de Tolstoï ; les découpages sont conformes à l’architecture de sa nouvelle. Les ambiances bucoliques y sont bien dépeintes et les thèmes majeurs (lutte des classes sociales et l’organisation du travail) s’y retrouvent. Particulièrement bien adaptée pour un public adolescent, cette bande-dessinée propose une bonne alternative à la nouvelle de l’écrivain russe. Accessible et intemporel, l’album de Martin Veyron nous offre une belle leçon sur les dangers de l’avidité et de l’ambition.