auteur : C.J. Cooper
édition : Préludes
sortie : février 2016
genre : thriller
Sara (prononcer « Saira ») souffre d’une phobie violente de l’avion. Or elle se doit de s’en défaire, afin de pouvoir pleinement être envisagée pour la promotion qu’elle vise au sein d’un organisme de bienfaisance. Elle décide alors de consulter un hypnothérapeute : le charismatique Stephen Devane. Ce que la jeune femme ne sait pas, c’est que Stephen nourrit des projets à son égard, et qu’ils sont loin d’être innocents.
L’idée d’une femme d’apparence fragile qui se retrouve en position de faiblesse face à un séducteur sûr de lui peut faire penser à un livre comme 50 nuances de Grey. D’autant que la jaquette nous promet « une relation perverse entre un médecin et sa patiente ». Cependant, il faut bien reconnaître que Fermez les yeux emprunte une voie quelque peu différente.
Déjà, tout se déroule après les faits, desquels un journaliste souhaiterait tirer un livre. Par ce biais, il souhaite lever le voile sur une affaire au demeurant trouble. C.J. Cooper, l’auteur, prend le prétexte de cette interview pour présenter son roman sous la forme de témoignages entrecroisés. Chaque chapitre voit ainsi différents protagonistes de l’histoire apporter leur vision des évènements.
Deux qualités émergent de ce choix. Premièrement, le découpage sous forme de paragraphes relativement courts se faisant écho se révèle addictif et favorise un rythme de lecture plutôt rapide. D’autant que le suspense est alimenté par l’entremêlement des points de vue. De là découle le second point positif du procédé. Le recoupement des témoignages permet de faire émerger des différences, qui mettent en lumière le caractère de chacun et aident à discerner certains mensonges. Ce qui amène un jeu ludique pour le lecteur, qui peut essayer de démêler le vrai du faux, tout en s’amusant de voir certaines personnes se mettre en valeur plus que de nécessaire.
Cependant, cette manière de faire montre également ses limites. Certains personnages se voient ainsi accorder peu de place, ce qui empêche leur développement et les laisse à l’état de simples éléments narratifs. Leur présence n’est alors justifiée que sommairement, par leur court apport à la trame principale. Ajoutons à cela le fait que certains des acteurs du drame, aux rôles plus conséquents, se révèlent peu nuancés, et il est alors facile de reprocher au livre un certain manque de subtilité. Cette impression est renforcée par une intrigue qui se focalise moins sur les échanges entre Stephen et Sara que sur les effets des séances d’hypnothérapie sur cette dernière, et sur son entourage. Le manque de crédibilité de certains de ces membres nuit au maintien de la tension sur la durée. Surtout que l’histoire de Sara apparaît moins mouvementée que ce que l’on aurait pu imaginer de prime abord. À trop vendre ce qui est censé suivre au travers des propos de ses personnages, l’auteur ne fait que générer des attentes qui ne seront pour la plupart pas assouvies.
La fin du livre comporte néanmoins une légère surprise qui permet de relativiser une partie de ce qui a précédé. Elle n’en demeure pas moins assez prévisible, pour peu que l’on soit attentif aux détails disséminés ici et là. Fermez les yeux se révèle ainsi décevant, au vu des possibilités offertes par son postulat de départ. Il n’en demeure pas moins un divertissement plutôt honnête et sans prise de tête.