45 Years
d’Andrew Haigh
Drame
Avec Charlotte Rampling, Tom Courtenay, Geraldine James
Sorti le 10 février 2016
Adapté d’une nouvelle de David Constantine, 45 ans a le malheur de s’adresser à un public plutôt restreint.
Adapté pour le grand écran par son réalisateur, Andrew Haigh, auquel on devait des projets généreusement primés, le film suit la semaine précédant l’anniversaire de mariage d’un couple des plus communs. Alors qu’ils semblent décidés à célébrer leur quarante-cinq ans d’union dans la dignité, le film ouvre sur Geoff (Tom Courtenay) lisant une lettre lui annonçant la découverte dans les Alpes du corps de Katya, son amour d’antan. Bouleversé par la nouvelle, il cache difficilement son émoi à celle qui partage sa vie depuis si longtemps. Au fil des jours, Kate (Charlotte Rampling) comprend que la Katya en question était bien plus qu’une brève aventure et en devient jalouse.
La semaine avance et la date fatidique arrive à grands pas. Les déboires du couples sont faits des petites choses de la vie quotidienne, leur teneur teintée par l’humeur des participants plutôt que par leur valeur intrinsèque. Au fil d’une semaine mouvementée, on aborde les thèmes de la jalousie, du pardon et bien entendu, de l’amour.
Au travers d’une cinématographie sobre, les personnages sont mis à l’avant plan, les performances nuancées mises en exergue. Les moindres subtilités sont lourdes de sens, les silences en disent long. Il ne se passe pas une seconde sans que les performances n’ajoutent une nuance au dialogue, le contredise ou appuie un sens secondaire. On est parfois perdu par la juxtaposition des niveaux, entre ce qui est dit, ce qui est entendu et ce qui insinué.
Se faire une opinion d’un film aussi complexe est difficile. Si l’histoire est simple, elle recèle de nombreux niveaux d’interprétations. Chaque détail a son importance, chaque geste peut être vu sous plusieurs angles, chaque décision motivée par plusieurs raisons. Le film en dit long sur ce qui fait fonctionner (ou pas) un couple sans jamais trancher la question d’une façon ou d’une autre. On en ressort avec une idée confuse de ce qui est dit et l’envie d’en discuter.
Malgré ses qualités, le tout est parfois trop sobre. Les performances toutes en nuances gagnerait à un petit coup de gueule, comme ça, pour ponctuer la monotonie. Il y a beaucoup de matière à se mettre sous la dent, cependant le film est parfois trop exigeant, en demande trop à son audience tout en délayant la récompense de cette attention à l’infini.
La fin, sans la dévoiler, ne satisfait pas et c’est sans doute très exactement le but…
Pour ceux qui aiment parler d’un film après l’avoir vu.