scénario et dessin : Manu Larcenet
éditions Dargaud
sortie : 7 mars 2014
Polza Mancini, écrivain obèse de 38 ans, se retrouve en garde à vue face à deux policiers. Ils lui ont demandé de raconter son histoire, et c’est ce qu’il fait. Dans les détails, et ce jusqu’au jour fatidique où il a fait quelque chose à Carole.
En 2009 sortait le premier tome de Blast, semant les graines d’une histoire aussi noire que touchante, écrite et illustrée par l’excellent Manu Larcenet.
Aujourd’hui, le quatrième et dernier opus clôture la série, éclairant enfin les zones d’ombres qui s’étaient installées au fur et à mesure du récit.
Au fil des pages, nous suivons le parcours erratique de cet amas de graisse de Polza, qui a décidé de tout quitter pour vivre dans la forêt, se nourrissant abusivement d’alcool, de médicaments et de chocolat. En constante recherche du “blast”, instant de délivrance hallucinatoire, flash coloré et délicieux, il fait des choix plus que douteux et des rencontres qui ne le sont pas moins…
Sans en dire trop, on découvre, enfin, dans ce quatrième tome pourquoi il en est arrivé là, en garde à vue, et ce qu’il a fait à Carole.
Manu Larcenet nous pousse dans un univers en noir et blanc, glauque mais poétique. Le récit décortique la vie et ses incohérences, et toutes les questions existentielles qui lui sont inhérentes. Certaines cases sont éblouissantes de réalisme : en deux taches d’encre de chine et quelques “griffures” blanches, on se retrouve à l’orée de la forêt une nuit de pleine lune. On sentirait presque l’odeur des sapins.
L’histoire est menée comme un film policier, passant constamment de la salle d’interrogatoire aux souvenirs de Polza eux-mêmes. Larcenet avait d’ailleurs prévu de travailler sur l’adaptation de Blast au cinéma, mais a finalement abandonné son projet, se disant incapable de travailler en équipe et oppressé par le manque de liberté qui lui était accordée. Ne soyons pas déçus : ces quatre magnifiques livres laissent, de toute façon, des images et des questions plein la tête…