D’Alfred de Musset, mise en scène de Benoît Verhaert, avec (en alternance) Julie Lenain, Lormelle Merdrignac, Céline Peret, Vincent Raoult, Stéphane Pirard, Samuel Seynave, Benoît Verhaert
Du 22 janvier au 6 février 2016 au Petit Varia
Dans cette version expurgée de la pièce de Musset, Benoît Verhaert tend à simplifier et actualiser une grande partie du texte et de ses personnages secondaires, pour mettre l’accent sur les scènes du trio amoureux, Camille-Perdican-Rosette. En résulte donc une représentation courte (1h15) et suivie d’un débat destiné à un public plutôt adolescent.
Dans le château du Baron, le fils de ce dernier, Perdican, rentre des études pour retrouver sa cousine Camille, avec laquelle il est censé contracter un mariage arrangé autant que d’amour. Mais celle-ci ayant passé plusieurs années dans un couvent, elle hésite entre Dieu et le mariage, déstabilisée par les récits d’amours déçus que lui ont fait les autres sœurs. Contrarié par l’attitude de Camille, Perdican se met à courtiser une jeune paysanne du nom de Rosette pour rendre jalouse sa cousine.
À la croisée des chemins entre comédie et drame moraliste, la pièce d’Alfred de Musset a inspiré au comédien/metteur en scène Benoît Verhaert un spectacle partagé entre modernité et classicisme, entre humour débridé et respect de la langue. Tous ces paradoxes l’ont donc conduit à modifier et raccourcir une grande partie des scènes de la pièce – celles faisant intervenir des rôles secondaires – pour ne garder intact que les scènes entre les trois jeunes protagonistes, dont les répliques et dialogues sont livrés in extenso.
Benoît Verhaert lui-même et Vincent Raoult se chargent de la partie comique du spectacle en endossant à la fois les rôles de maîtres de cérémonie déjantés et ceux des différents personnages secondaires écrits par Musset, tandis que les jeunes acteurs (Julie Lenain, Lormelle Merdrignac et Samuel Seynave – en alternance avec Céline Peret et Stéphane Pirard) restent rivés à la tradition et au texte original. Cette dichotomie est à la fois ce qui fait le sel et la faiblesse de cette relecture d’On ne badine pas avec l’amour.
Il est indéniable que ce choix de mise en scène et d’adaptation est percutant et que la partie comique assurée par Verhaert et Raoult réserve quelques moments réellement irrésistibles, mais l’on peut légitimement se demander s’il est bien nécessaire, et judicieux, de simplifier un texte de la sorte afin de l’adapter aux gouts et exigences présumés d’un public jeune, auquel cette version se destine. A-t-on aussi peu confiance en l’intellect et au jugement de la jeune génération qu’il faille lui simplifier les choses, lui prémâcher le travail en faisant en sorte qu’un texte estimé ardu passe par la moulinette de l’ère du temps et de l’humour à « vannes » ou à accents ?
La question est posée et s’applique probablement à tout un pan du théâtre actuel qui tend à « vulgariser » au maximum les classiques. Cela n’empêche pas de prendre du plaisir devant une représentation honnête et malgré tout originale, servie par une troupe investie et transcendée par son rôle de transmission.