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    Huis clos aux Martyrs

     

    De Jean-Paul Sartre, mise en scène de Marcel Delval, avec Stéphane Ledune, Dolorès Delahaut, Sylvie Perederejew et Bernard Gahide

    Du 12 janvier au 8 février 2016 au Théâtre de la Place des Martyrs

    Au début de la pièce, trois personnages – un homme et une femme – à priori étrangers l’un à l’autre sont introduits par un majordome dans une pièce exigüe et sans fenêtres, dans laquelle sont juste disposées trois banquettes. Au fur et à mesure que les trois protagonistes font connaissance, le spectateur est mis au courant de ce que les personnages savent déjà : ceux-ci sont morts et la pièce où ils se trouvent n’est autre que l’enfer.

    Il n’y a pas de pales, de flammes ni de grills dans l’enfer de Jean-Paul Sartre, puisque « l’enfer, c’est les autres ». Ces trois êtres humains n’ont qu’à interagir, qu’à se parler et s’avouer leurs péchés pour éprouver le tourment éternel. Huis clos n’est donc que ce dialogue infernal et « torturant » entre trois personnes qui n’ont plus rien d’autre à faire que de se faire du mal.

    Le choix de mise en scène de Marcel Delval – ainsi que le dispositif scénique de l’Atelier du Théâtre des Martyrs, où est jouée la pièce – place le spectateur au rang de juge et témoin, puisque le public est disposé tout autour de la « scène » carrée et centrale. Par là même, Delval met le spectateur dans une position semblable à celle des personnages, puisqu’il sera condamné à croiser les regards des spectateurs opposés durant la durée de la pièce, tout comme Garcin, Inès et Estelle devront se voir dans les yeux des deux autres, uniques miroirs à leur disposition.

    Ce parti pris est cependant ce qui fait l’attrait principal de cette version de Huis clos et en constitue l’unique originalité. Le reste n’est finalement qu’une restitution honnête et fidèle du texte et des fantasmes qu’il suscite. Le jeu des acteurs est uniformément outrancier et, s’il peut apparaître de prime à bord comme très chargé, rend finalement justice à ce que voulait atteindre le texte : une vision brute et moderne – pour l’époque – de la folie.

    Cette représentation est donc avant tout une bonne occasion de (re)découvrir l’écriture de Jean-Paul Sartre, et peut-être de se rendre compte de ses limites en tant qu’auteur dramatique. En effet, même si l’on ne manquera pas de remettre la pièce dans son contexte historique et littéraire, il n’est pas interdit de penser que Huis clos sacrifie à quelques tics d’un théâtre démonstratif et systématique, reposant essentiellement sur une seule idée usée jusqu’à la moelle.

    Photo: © Isabelle De Beir

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