Elser
d’Oliver Hirschbiegel
Historique, Drame
Avec Christian Friedel, Katharina Schüttler, Burghart Klaußner
Sorti le 20 janvier 2016
Georg Elser est un jeune homme sans histoire, contant fleurette lors de rencontres folkloriques sur les bords du lac de Constance. Malgré sa solitude et son calme apparent, il participe aux actions musclées d’un groupuscule communiste dans les années 1920. Plus tard, en 1939, farouchement opposé aux dérives de l’Allemagne hitlérienne, Georg Elser décide de préparer un attentat contre le führer et les hauts dignitaires du parti nazi. Ceux-ci devant se réunir dans la brasserie Bürgerbräu, Elser, ancien menuisier-horloger et fabriquant d’armatures métalliques, y installe un explosif sophistiqué qui, hélas, ne tuera pas Hitler.
Alors qu’il tente de gagner la Suisse dans sa fuite, Georg Elser est rattrapé à la frontière pour être ensuite interrogé et torturé.
Avec Elser, tout comme avec Le Labyrinthe du Silence sorti l’an dernier, le cinéma allemand prouve qu’il est enfin mûr à ressasser les fantômes de son pays. Presque dans une volonté de rédemption, mais aussi dans celle de contrer la montée des extrémismes contemporains, les réalisateurs allemands mettent en exergue les héros de leur pays, ceux qui ont dit « non » à la barbarie nazie quitte à en payer de leur vie.
Cette intention peut paraître poussiéreuse dans nos contrées où les films sur la résistance sont légions depuis de nombreuses décennies (L’armée des ombres, Paris brûle-t-il ?, Le Train, Lucie Aubrac, …), mais dans le pays des « perdants », le sujet est plus douloureux puisqu’il se solde toujours par un échec, celui de n’avoir pu empêcher l’horreur.
Pourtant, tout comme dans Le Labyrinthe du Silence ou dans La Chute – également d’Oliver Hirschbiegel -, on constate toute l’envie de faire un film plein d’objectivité en éludant tout effet de style ou scènes superflues. Ce choix donne davantage naissance à un docu-fiction cohérent qu’à une réelle dramaturgie cinématographique.
Si ce constat n’est pas préjudiciable, la mise en images d’Elser n’est par contre pas dénuée de défauts. À l’instar du cinéma allemand dans son ensemble, la photographie est sombre et fascinée par l’alternance entre les plans poitrine et les plans de demi-ensemble, ceux-ci accentuant inutilement le rendu claustrophobique du récit. De même, à force de vouloir travailler dans la sobriété, le propos – si important soit-il – se voit plombé d’une fadeur disgracieuse rendant toute empathie difficile.
En résumé, Elser, un héros ordinaire est un film nécessaire et intéressant à regarder pour l’importance historique de son propos. Une réalisation éclairée… à la lampe de bureau.