Joy
de David O. Russell
Biopic, Drame, Comédie
Avec Jennifer Lawrence, Robert De Niro, Bradley Cooper
Sorti le 13 janvier 2016
Joy Mangano, magnat du commerce ayant fait sa fortune par la vente télévisée de bibelots à des ménagères crédules est le personnage réel sur lequel est basé Joy, dernier film de David O.Russel. Suivant de près le personnage titulaire, l’avènement de son succès et sa relation avec une famille dysfonctionnelle, l’histoire est un conte de fée enroulé dans le rêve Américain. Mère divorcée, elle survit de petits boulots, tentant de faire vivre sa petite famille et s’en tire tout juste jusqu’au jour où elle invente un produit miracle, fait sa fortune, et démarre une carrière commerciale fulgurante, lui apportant gloire, fortune et respect…
Le film donne malheureusement l’impression d’avoir été pondu par une richissime diva complètement mégalo et désireuse de se polir le blason tout en jetant l’opprobre sur les infâmes membres de sa famille. Les personnages se divisent entre les Bons et les Mauvais. Les Bons sont compétents, travailleurs, intelligents, audacieux, généreux, justes, beaux et sont tous du côté de Joy. Les Mauvais (tous les autres), sont vils, mesquins, paresseux, bêtes, menteurs, voleurs, égoïstes et méchants. Les gentils sont parfaits, ont toujours raison, à propos de tout, et d’ailleurs si les mauvais voulaient bien arrêter de leur mettre des bâtons dans les roues, ils pourraient enfin résoudre les problèmes de tout le monde.
Suivre une jeune femme et son ascension dans le milieu des affaires pourrait inviter à une réflexion sur les limites morales à l’ambition ou tout autre dilemme. Malheureusement, Joy ressemble plus au dithyrambique d’un personnage artificiellement martyrisé pour l’occasion et qui franchement n’en a pas besoin, plutôt qu’à l’histoire vraie (mais un peu romancée quand même) d’une figure moyennement connue du paysage socio-culturel Américain.
En tant que film, Joy est passable mais inconstant. On commence à s’amuser un minimum quand Joy attrape de l’audace et le film enchaîne quelques séquences avec des adversaires commerciaux, mais malgré ces quelques scènes isolées, on s’ennuie de radotages interminables où tout le monde a tort sauf notre héroïne et c’est évident dès la première seconde, tant par le dialogue scabreux que par une mise en scène à la main lourde.
Le plus ennuyeux sont les évidents parallèles avec The Silver Lining’s Playbook, le film précédent de David O. Russel. On y retrouve le même casting, un ton très similaire, et une ambiance générale de grand drame vécu par des gens normaux dans une banlieue banale. Hélas, l’intelligence de l’écriture et la richesse du récit sont remplacés par une inflation dramatique qui sonne faux, des personnages irréalistes et un nombrilisme complaisant.
Seules les performances, toutes éminemment regardables évitent le désastre pour donner un résultat qui se laisse regarder, sans joie ni haine particulière.