La Vie très privée de Monsieur Sim
de Michel Leclerc
Comédie dramatique
Avec Jean-Pierre Bacri, Mathieu Amalric, Valeria Golino
Sorti le 16 décembre 2015
Monsieur Sim est un loser de quarante-huit ans, voué à l’échec dès sa naissance, c’est du moins ce qu’il pense de lui-même : sa femme l’a quitté, son boulot l’a quitté et lorsqu’il part voir son père au fin fond de l’Italie, celui-ci ne prend même pas le temps de déjeuner avec lui. C’est alors qu’il reçoit une proposition inattendue: traverser la France pour vendre des brosses à dents qui vont « révolutionner l’hygiène bucco-dentaire ».
Sur une adaptation du livre de Jonathan Coe, c’est ce périple que nous raconte ce long métrage ; c’est en grande partie un road-movie qui se déroule dans l’espace et le temps. L’équipée de ce représentant en brosses à dents dernier cri mène le personnage principal – Sim, interprété par Jean-Pierre Bacri – parmi les paysages et les visages de son enfance, notamment auprès de son père sur lequel il fait d’étranges découvertes.
Sur une musique de Vincent Delerm, Jean-Pierre Bacri campe un personnage sans défense, candide comme un enfant et qui éprouve un besoin énorme d’amour. Enveloppé dans la solitude, il dialogue avec son GPS dans l’habitacle de sa voiture transformé en cocon et où Sim se sent protégé du reste du monde.
Il n’a pourtant rien en commun avec ces dépressifs habituels qui se replient sur eux-mêmes. Bien au contraire, il se jette sur les gens pour entrer en contact avec eux.
En toile de fond tout le long du film, des images d’archives de l’itinéraire du navigateur Donald Crowhurst, qui se laissa dériver volontairement, fait évidemment écho au parcours de Sim.
On nous livre ici combien notre société peut devenir un monde de l’ « ultra moderne solitude » : on a multiplié les moyens de communication comme Facebook et Skype et, très paradoxalement, cela semble favoriser l’isolement de certains.
Le film n’est pas précisément comique mais il est habile et touchant pour qui voudra bien se plonger dans l’univers de Monsieur Sim qui néanmoins, à force de se perdre, finit par se trouver. Jean-Pierre Bacri, dont on lit la moindre émotion sur son visage, est présent dans la quasi totalité des plans et sa prestation d’acteur est pour le moins excellente.
Si le film soulève des émotions et interpelle profondément, il est aussi empreint de mélancolie, c’est même carrément déprimant malgré une fin qui laisse entrevoir un peu de lumière. Pas de quoi égayer les fêtes de fin d’année donc.