auteur : Asa Larsson
édition : Albin Michel
sortie : septembre 2015
genre : thriller
Souhaitant s’abriter du froid, un pêcheur entre par effraction dans une «arche». Il fera une macabre découverte au sein de cette cabane de pêche montée sur patin et disposée sur un lac gelé. Là n’est que le point de départ d’une enquête autour de laquelle gravite Mauri Kallis, le gérant d’une multinationale minière.
Après Horreur boréale et Le sang versé, voici le troisième volet des aventures de l’avocate Rebecka Martinsson. La piste noire peut néanmoins se lire de manière indépendante. Le lecteur néophyte doit cependant être averti que l’auteure y effectue de nombreux retours sur ses anciens romans. En particulier sur le précédent, dont elle n’hésite pas à dévoiler la fin. Cette référence, loin d’être gratuite, s’avère nécessaire, cette suite directe présentant une héroïne principale encore marquée par des événements traumatiques antérieurs.
Il est de coutume de dire que, parfois, l’important n’est pas tant la destination que le voyage qui y conduit. Cet adage prend ici tout son sens. L’évolution des différents personnages semble plus intéresser Asa Larsson que la résolution de son intrigue, qui trouve ici une conclusion abrupte, pour ne pas dire expédiée.
Doublé d’un regard sur certaines pratiques de multinationales sans scrupules, ce roman, s’il ne convainc pas totalement, n’en demeure pas moins prenant. Et si l’enquête n’avance pas sans quelques clichés, principalement en ce qui concerne sa partie africaine, il est néanmoins intéressant de noter les modifications apportées au rôle de Rebecka qui se retrouve légèrement en retrait, des suites de son traumatisme.
L’avocate n’est pas la seule à voir son passé exploité, la construction du récit, qui alterne entre flashback et retour au présent, laissant une grande place à celui des personnages qui y sont développés. Parfois, ces retours en arrière n’ont aucun lien direct avec la trame narrative principale, qui s’articule autour de l’enquête. Ils n’en sont pas pour autant inutiles. Au contraire, Asa Larsson s’en sert pour étoffer la psychologie de chaque protagoniste. En effet, l’écrivain leur donne vie et leur confère, sans jamais les juger, des personnalités uniques qui permettent de mieux les comprendre, eux comme leurs actes, humanisant ainsi jusqu’au pire des criminels.
Les nombreux détails que l’auteur égraine au fil du texte agissent de ce fait comme des révélateurs de caractère, permettant au lecteur de s’attacher, ou du moins de ne pas rester indifférent au sort des acteurs d’une histoire souvent triste, parfois tragique, mais néanmoins éclaircie par quelques traits d’humour. Ces détails permettent également à La piste noire d’arborer, par moments, une coloration quelque peu fantastique, ajoutant une dimension inattendue à un panel d’émotion déjà large et marquant.