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    Le Crime qui est le tien

    Crime qui est le tien

    scénario : Zidrou
    dessin : Philippe Berthet
    éditions : Dargaud
    sortie : 2 octobre 2015
    genre : polar, thriller

    En 1970 à Dubbo City, petite ville paumée de l’Australie profonde, Ikke Hopper confesse le crime sanglant de sa belle sœur, 27 ans plus tôt. Son frère Greg revient alors en ville, lui qu’on avait accusé du meurtre et qui avait pris la fuite. Hanté par le spectre de sa femme disparue, Greg Hopper tente de recoller ensemble les fragments de ce meurtre et des événements dont il a découlé, le temps de faire le deuil de son frère.

    Pour ce « one-shot » classieux et sobre, Zidrou et Berthet s’attaquent aux archétypes du polar classique et du film noir. Faux coupable, femme fatale, petite bourgade refermée sur elle-même… tout est réuni pour que les éléments scénaristiques de ce Crime qui est le tien résonnent dans l’inconscient collectif du lecteur.

    L’esthétique du dessin de Berthet et la présentation de l’objet-livre – jusque dans la texture du papier et de l’impression – est en accord avec cette idée de référence culturelle aux récits et aux livres du passé. On peut donc dire que Le crime qui est le tien est intemporel, ou qu’il est passéiste, mais il résulte vraisemblablement d’un véritable amour de ses deux auteurs pour un genre – littéraire ou autre – qui est souvent dans l’autocitation et obéit à des règles et des stéréotypes bien précis.

    En dehors de son aspect visuel très défini et extrêmement bien étudié, c’est dans l’étude de ses personnages et la description de leurs calvaires personnels que l’album intéresse le plus. La dimension « noire » du polar est fidèlement restituée dans cet aspect-là, puisque la noirceur de l’âme humaine y est figurée sous toutes ses formes. De la femme adultère aguicheuse au mari trompé paranoïaque, en passant par le flic blasé et l’hypocrisie ambiante des habitants de la ville, rien ni personne n’est épargné par une misanthropie répartie de manière égalitaire. Cette misanthropie est donc constitutive du ton et de l’ambiance du livre mais en est également le principal défaut : érigée en système, elle devient une façade qui masque l’absence de point de vue et peut être d’originalité.

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