Human
de Yann Arthus-Bertrand
Documentaire
On a tous en tête, le célèbre Home, sorti en 2009 et très largement diffusé par les chaines nationales. Monologue de plus ou moins deux heures (selon les versions) du réalisateur sur de « belles » et « moins belles » images de notre planète filmées depuis le ciel.
Avec Human, on pourrait croire que Yann Arthus-Bertrand redescend d’un étage ou tout du moins, qu’il pose le pied par terre. Pourtant, à la fin de trois heures de témoignage mis les uns à la suite des autres et plus ou moins classés par thématique, on ressort de la salle investi d’une forme de honte. Malheureusement, il ne s’agit pas vraiment de honte face à l’horreur que la race humaine est capable d’engendrer, mais plutôt d’une honte personnelle relative à une forme de voyeurisme.
Visuellement, tous les trucs de photographes sont là : fond noir, regards qui pétillent ; les gens sont beaux, séduisants, tout en lumière. Mais il suffit d’attendre le making of pour se rendre compte qu’il s’agit de studio mobile qui emprisonne littéralement tous ces hommes et ces femmes : dos au mur et face à une caméra, un spot et deux humains. La proximité qui s’établit entre le sujet et le journaliste est incontestablement touchante, le problème vient plutôt dans la relation – à sens unique – entre l’interviewé et nous, spectateurs.
Ces mêmes spectateurs ne semblent d’ailleurs pas plus emballés, deux quittent la salle tout simplement et puis, et cela est bien plus triste, d’autres rient, sur des histoires que nous tairons ici.
Témoignage classé par grande thématique de la vie : mort, vengeance, féminisme, amour, homophobie ; toutes entrecoupées de vue du ciel (il en faut quand même un peu !). Incompréhension totale sur les associations d’images et le montage : des femmes dans des rizières, juste après un homme sans bras ni jambes qui nous parle d’amour, des témoignages de femmes battues qui côtoient une tribu de mongoles sur chevaux rassemblant leurs troupeaux, etc. Il en relèverait presque d’une forme d’ironie mal placée… Mais que s’est-il passé? Une des deux chefs monteuses cite le réalisateur « mettez tout ce qu’il y a de fort ».
Ce qui est contesté ici, ce n’est pas le projet en lui-même. Ambitieux, humaniste peut être même altruiste, vouloir donner la parole à tous est une belle idée mais la forme finale, sorte de catalogue des émotions, reste dérangeante. Alors quand Florent Gilard, le producteur artistique écrit « Human n’est que le début d’un projet qui, nous l’espérons, ne s’arrêtera pas de sitôt. L’aventure n’en est qu’à son début ! » On peut alors concevoir le film comme l’état des lieux d’un projet en cours et y trouver un sens moins arrêté.