auteur : Eric-Emmanuel Schmitt
édition : Albin Michel
sortie : septembre 2015
genre : roman autobiographique
Dans un récit puissant et très personnel, le philosophe et auteur à succès Eric-Emmanuel Schmitt remonte le fil d’un voyage effectué il y a plus de 25 ans dans le désert du Sahara algérien. C’est dans cette contrée retirée du monde qu’il a fait jadis une expérience mystique toute particulière qui changea les cartes de son existence et le révéla à lui-même.
A 28 ans, le jeune homme n’est pas n’importe qui. Normalien, agrégé de philosophie, il enseigne à l’université. Se sentant un peu à l’étroit dans cette carrière académique dépourvue d’activités créatives, il se lance en parallèle dans l’écriture d’un scénario sur la vie de Charles Foucault, le célèbre ermite parti vivre il y a plus d’un siècle dans le Hoggar. Avec son coéquipier Gérard, le réalisateur du film, il campe aux portes du Sahara avant d’entamer un périple de dix jours, dans le dénuement le plus total, au cœur même du désert. Sur place, il fait la connaissance du groupe qui l’accompagnera durant l’expédition. Il y a notamment Ségolène, « la catho » qui trouble plusieurs fois l’écrivain en devenir par ses questions sur la foi, Thomas et Jean-Pierre, les experts en géologie et en astronomie qui « éclairent » l’équipe par leurs savoirs scientifiques. Et puis, il y a la belle rencontre avec le guide Touareg, Abayghur, jeune homme fascinant au profil d’aigle et aux yeux perçants.
Au cours d’une journée de randonnée, Eric-Emmanuel Schmitt perd de vue ses compagnons et s’égare sur les terres hostiles du Hoggar. Durant une nuit glaciale dans le désert, sans eau ni vivres, il sent une force brûlante se soulever en lui. Une énergie secrète qui l’embrase avant de lui donner un sentiment de paix intérieure et d’éternité. Après cette nuit de feu – c’est ainsi que Pascal nommait sa nuit mystique – le jeune homme réalise qu’il a peut-être rencontré Dieu.
Cette expérience miraculeuse, il ne la partage pas à ses compagnons de voyage, préférant s’aventurer en équilibriste sur la ligne de crête qui sépare croyants et athées. Aux opinions catégoriques et aux arguments péremptoires, il choisira toujours le cheminement, le doute, le questionnement car il nous faut « cultiver notre ignorance ».
La lecture d’un roman d’Eric-Emmanuel Schmitt n’est jamais anodine. Tantôt ses livres célèbrent le pouvoir des individus et de l’imagination, tantôt ils émeuvent par l’humanisme qui émane des personnages. Par une alchimie toute particulière, l’auteur de plusieurs ouvrages sur la religion tient cette fois encore divinement ses lecteurs. Il a le sens des dialogues et sait prendre son temps pour raconter des gestes et des situations. Cette fois-ci, son roman nous invite, loin des théories arides, à des questionnements intéressants, à des réflexions utiles sur la foi et la raison.
Avec La nuit de feu, on comprend que le feu intérieur de l’écrivain s’est indéniablement nourri de sa rencontre mystique dans le désert. En nous faisant partager sa singulière retraite et son intimité spirituelle, il nous offre ainsi une nouvelle constellation de sa vie.