Voici un disque un peu particulier à plus d’un titre. Un album qui est le fruit d’un projet musical d’envergure regroupant quelques pointures du metal. Metal Allegiance, c’est tout d’abord un état d’esprit.
Alors que beaucoup d’artistes essaient de tirer la couverture vers eux, certaines stars du metal se sont rassemblée autour de quelques concert et de ce projet Metal Allegiance. Tels des chevaliers de la Table Ronde, ces grands noms se sont rassemblés dans un esprit de camaraderie, loin des querelles pécuniaires et du business malsain qu’est devenu le monde de la musique pour jouer ensemble les meilleures chansons qui ont donné ses lettres de noblesse à ce style si particulier.
De Cowboys From Hell à Eruption, de Seek & Destroy à Run To The Hill, tous les plus gros succès eurent droit à leur interprétation par des géants comme Dave Ellefson, Chuck Billy, Mike Portnoy, Troy Sanders, Andreas Kisser, Charlie Benante, Scott Ian, Phil Anselmo, Rex Brown, Matt Heafy, Tim « Ripper » Owens et beaucoup d’autres.
Un formidable projet, donc, mené par Mark Menghi, l’ami de toutes ces stars qui eut l’idée de rassembler ce beau monde autour de son projet.
Mais bien entendu, Metal Allegiance ne devait pas rester un one shot. L’idée germa alors progressivement dans l’esprit de Menghi de matérialiser ce rêve sur un disque. Mais au lieu de faire des reprises, comme lors des concerts, Menghi eut plutôt l’idée de faire un véritable album avec de nouvelles compositions.
Pour ce faire, il devait former un groupe de base qui jouerait les morceaux et l’aiderait à composer l’album. A cela, l’idée serait de collaborer avec des chanteurs et musiciens additionnels différents sur chacun des morceaux.
Le défi paraît titanesque (tout comme l’étaient ces quelques concerts) et pourtant, Menghi va arriver à persuader trois légendes de former le cœur de ce que sera ce groupe Metal Allegiance : Mike Portnoy (Ex-Dream Theater, Ex-Adrenaline Mob, Winery Dogs, Transatlantic, …), David Ellefson ( Megadeth) et Alex Skolnick (Testament).
Le trio infernal tente de coordonner les agendas respectifs et se retrouve chez Portnoy pour composer et enregistrer les dix titres de ce disque qui rassemble la crème du metal ainsi que divers styles qui sont les principaux du genre.
On retrouve en premier lieu, quelqu’un qui a beaucoup manqué à ses fans durant son incarcération forcée en République Tchèque (erronément accusé d’homicide) : Randy Blythe, le chanteur de Lamb Of God.
Plus enragé que jamais, le chanteur donne tout ce qu’il a sur ce superbe morceau qu’est Gift Of Pain, un bon coup sur nos tympans pour ouvrir les hostilités. Portnoy s’y déchaîne en nous servant des rythmiques infernales et mitraille de blasts à tout-va ! Gary Holt (Exodus) nous y sert également un lead époustouflant.
On enchaîne avec Let Darkness Fall et un Troy Sanders (Mastodon) dans son élément avec ce morceau taillé pour lui. (Le légendaire Rex Brown de Pantera viendra gratter quelques lignes de basses et Blythe assurera quelques cris çà et là)
Dying Song est aussi très différente. Plus posée, plus carrée, elle correspond tout à fait au style stoner de Phil Anselmo qui vient poser son grain particulier et s’approprie véritablement l’espace. Un talent incroyable que ce leader éternel.
Chuck Billy vient ensuite poser sa voix sur Can’t Kill The Devil, un titre qui sonne un peu comme les pionniers du trash-metal de la Bay Area comme Metallica. Phil Demmel et Andreas Kisser viennent chacun poser un solo pour sublimer le morceau.
Christina Scabbia et Mark Osegueda chantent ensuite sur Scars, une chanson qui mélange bien les riffs et rythmiques à la Pantera et la tendresse de Lacuna Coil. Un mélange qui parait étrange à première vue et qui, pourtant, fonctionne à merveille.
Dans Destination : Nowhere, le chanteur et guitariste de Trivium, Matt Heafy, vient clairement mettre son grain de sel et nous sert de magnifiques phrasés ainsi qu’une tension particulière qui donne un certain cachet à ce titre.
Mais le sommum est sans doute atteint dans le morceau Triangulum (qui comporte donc trois parties distinctes) avec davantage de collaborations côté guitares (Charlie Benante, Misha Mansoor, Ben Weinman, Phil Demmel, Matt Heafy et le fameux Ron Bumblefoot Thal). Autant dire que les cordes sont mises à l’honneur dans ce morceau et qu’on en prend pour son grade.
D’autres morceaux valent aussi qu’on y prête l’oreille comme We Rock, un titre qui se trouve en bonus sur la version digipak de l’album et qui rassemble la plupart des collaborateurs de cet album. Vous trouverez également un making-of sympa sur le dvd qui accompagne ce disque.
Bref, Nuclear Blast a gâté les métalleux en cette fin d’année avec ce superbe disque qui rassemble quelques grands noms du métal. Un album incontournable !